7h58 ce samedi-là par Charles Dubois
Sidney Lumet livre pour son dernier film un film puissant où style incomparable et genres se mélanges.
Le réalisateur nous propose de vivre un événement marquant selon différents points de vue. Pari osé ; cela promettait des flash backs incessants, l'absence de personnage principal. Pari osé, mais parfaitement réussi.
Le braquage, élément autour duquel tout tourne, nous est montré dés les premières minutes, d'une manière froide mais réaliste, scène longue où rien n'est ellipsé (on ne peut s'empêcher de penser au fameux Un Après Midi de Chien). Ensuite s'affrontent les différents point de vue des personnages.
Ce qui marque c'est que, bien loin de nous livrer un film de gangster ou de braquage, Lumet nous livre une chronique familiale prenante, un drame puissant qui interroge la notion des valeurs familiales (on peut penser parfois à un Mike Leigh en moins naturaliste) et un thriller psychologique intense.
Lumet permet à ses acteurs de magnifiques prestations ;
Hawke est touchant en looser, le regretté Seymour Hoffman brillant en pauvre type un poil véreux. Mais on reste scotché par le jeu terriblement émouvant d'Albert Finney qui touche en père qui voit sa famille s'écrouler autour de lui. Il offre des scènes déchirantes au film, notamment celles avec sa femme dont on connait des les premières secondes le destin tragique. Le tout est agrémenté de seconds rôles riches et profonds (Shannon excellent en frère protecteur, dealeur totalement barré) qui donnent au film une vraie profondeur et richesse.
Cette déconstruction chronologique totale permet à Lumet d'orchestrer un montage brillant, où effets étonnants (forte luminosité, effets sonores, flashbacks) et simplicité et froideur de la caméra s'entrechoquent. Et pourtant rien n'est laissé au hasard. Lumet met en avant des objets qui auront un rôle certains.
La violence est d'une froideur impeccable, presque malsaine (à l'image de cette éruption finale de violence qui ne peut que dérouter, presque impulsive, non prévue) grâce à un joli traitement des couleurs, brutes, parfois surexposées.
7h58 ce samedi là est une vrai réussite, autant sur le plan esthétique que scénaristique, grâce à un bon travail de montage et jeu d'acteur. Scotchant.