Ce qui est fascinant dans un script, c’est sa capacité à suggérer plus qu’il ne va montrer. Et sur ce plan, c’est gagné à 100%. Imaginez : un pays 100% numérique, qui a son propre système politique, ses règles de fonctionnements, qui entreprend des actions médiatisées et qui commence à faire pression sur des gouvernements, sans que ces derniers soient en mesure d’effectuer des représailles juridiques… Ca laisse rêveur… Un véritable vent d’anarchie souffle sur ce film (les actions du site sont vite pris comme des actes terroristes par les personnalités victimes de ces agissements). Et c’est d’autant plus intéressant que le spectateur est complètement immergé dans l’histoire. Le film réussit la prouesse de ne jamais nous ennuyer pendant une heure et demie en ne nous montrant pratiquement que des conversations vidéo avec des webcams. C’est du délire ! Le potentiel est constamment exploité, nourris par de nouvelles idées, et s’inscrit dès lors comme une
des meilleures expériences sociologiques auxquelles j’ai pu assister au cinéma (la dernière qui m’avait marqué, c’était le Joker et ses paquebots). En effet, on suit, par système de vote, les décisions prises par le groupe, et peu à peu les décisions qui sont adoptées, de plus en plus graves sur le plan des conséquences. Il y a même quelques bombes en matière d’originalité, comme l’émergence d’un type sorti de nulle part prétendant être le créateur du site (le créateur demeure inconnu des membres). Cette expérience évolue, dégénère, et nous donne une vraie leçon sur la question, en tirant des conclusions vraiment intelligentes du parcours incroyable que nous avons effectué, et qui dévoile son vrai but : nous aiguillonner pour que nous soyons plus concerné par la tournure que prend le monde et sur ce que nous devrions faire pour l’améliorer. Le générique final devient alors lui aussi passionnant, puisque dans un épilogue inattendu, nous constatons l’impact de ce qu’a suscité 8th Wonderland, et qui invite vraiment les citoyens du monde entier à se mobiliser d’une manière positive pour l’améliorer. Une oeuvre fédératrice à ce point, c’est beaucoup trop rare (et surtout en France) pour s’en priver. Après, le film est cheap vu son budget ridicule, certains effets sont ratés. Mais ce sont des détails techniques mineurs comparé au contenu intellectuel d’une telle oeuvre. On notera même quelques références cinéphiles plaisantes, comme un commando du GIGN portant les mêmes noms que les marines du Aliens de Cameron. Je tiens à saluer, avec mon plus profond respect, toute l’équipe du film, c’est vraiment un des meilleurs projets qui soit sorti de nos fabriques pendant cette décennie…
Voracinéphile
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le 15 juil. 2014

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