On se demande parfois si le trait a été forcé ou pas du tout. Entre réalisation plan-plan mais sans chichi, dialogues de bonne tenue (JC Grumberg n'est pas le premier venu) et interprétation très inégale - curieux d'ailleurs, car les acteurs sont chevronnés- , c'est une fresque sans concession sur ce que la collaboration française a engendré de pire : des truands sans morale au service du mal, des monsieur personne que la Guerre a promu, des traitres qui arborent l'uniforme allemand, pillent les juifs et les paysans, traquent à l'occasion les résistants (surtout s'il y a du pognon à prendre).
Ce n'est pas glorieux, c'est le moins que l'on puisse dire ; et la fin plutôt désabusée, où, si après la guerre ceux qui s'étaient vraiment trop compromis ont été passés par les armes, d'autres reviendront dans le circuit sans trop de peine... Il faut bien faire marcher la machine administrative...
"mais je ne comprends pas, le général de Gaulle n'a-t-il pas dit que tous les Français avaient été résistants ?
- en effet, il l'a dit. "
Au-delà de la collaboration stricto sensu, le film montre bien les mécanismes à l'oeuvre quand l'Etat de droit et la civilisation/civilité s'effondrent, que le chaos s'installe : la lie de la société sort du caniveau et mène grand train. A méditer.