D'abord j'ai râlé contre le rythme incroyablement mou du premier épisode - et d'une manière générale de l'exposition misérabiliste dès que la série revient dans le monde réel. Ok, merci d'insister professeur sociolox, on a compris que le héros s'était bien mis dans la mouise, était-ce utile de recourir à des clichés dont le cinéma américain raffole (comme le beau-père riche et bosseur qui tend à prendre la place du père biologique largué et ruiné, par exemple) ?
J'ai donc ensuite râlé sur l'enfilade de clichés des personnages représentant chacun un stéréotype bien connu et mille fois vu. Puis je me suis repris : des clichés dans ce genre de films où le but est justement de surfer sur les concepts de la théorie des jeux, c'est un peu comme les retrouvailles du héros et de l'héroïne à la fin d'une rom'com : c'est compris dans le contrat, et si on n'est pas content fallait pas signer. Mais fallait-il pour autant forcer le trait sur l'interprétation ?
J'ai donc continué de râler sur l'interprétation outrancière de la plupart des acteurs. En fait, soit ils la jouent visage de marbre, pour bien montrer la supériorité du nihiliste cynique qui est trop dark et qu'a compris que la vie n'avait aucun sens mais que c'était pas une raison pour crever, parce que, hein, bon, ça fout quand même un peu les jetons l'idée de mourir ; soit c'est un concours de grimace pour tous les autres, qui ne s'embarrassent pas de questions métaphysique pour tenter de survivre dans ce jeu de massacre. D'ailleurs, la série force trop le trait entre les bons d'un côté, les méchants de l'autre. Dans une situation pareille, y-a-t-il des méchants, y-a-t-il des bons ? Evidemment que non, la volonté de survivre l'emportera toujours sur les prescriptions morales (sauf quand on est suicidaire).
J'ai également beaucoup râlé sur la fin,
tellement débile, juste pondue pour ouvrir la porte à une seconde saison. Mais va donc t'occuper de ta fille gros con !!
J'ai aussi un peu râlé sur le déjà-vu donc : On achève bien les chevaux, Zabriskie Point, Rollerball, Le Prix du danger, Hunger Games, et plus récemment la série brésilienne 3%... Entre autres références qui me sont venus spontanément à l'esprit - et il y en a pléthore d'autres. Donc bon, pourquoi faire, que proposes-tu de neuf petite série coréenne de Netflix ?
Et bien entre deux râleries, je me suis laissé surprendre : des éléments visuels rappelant Eyes Wide Shut, un rythme excellent dès lors qu'on est sur les jeux, une succession splendide de plans fixes cadré à l'identique sur les personnages qui attendent de repartir vers le jeu à la fin de l'épisode deux (par ailleurs bien chiant, le retour du professeur sociolox), des personnages secondaires très réussis (l'Agent, les gardes mutiques au costume triangle-carré-rond). Et des scènes qui sortent du lot,
comme celle du pont de verre, qui est réellement extraordinaire.
bilan mitigé au final - en passant sur le côté cliché et la morale absurde, encore une fois : des soucis de rythme pour les scènes tournées dans le monde réel contrebalancés par plusieurs séquences d'anthologie. Des fautes de goût de mise en scène contrebalancées par des plans de toute beauté. Une interprétation caricaturale contrebalancée par, euh, malheureusement pas par grand-chose si ce n'est le personnage de l'Agent vraiment classe.