964 Pinocchio par Mickaël Barbato
Pinocchio 964 est un androïde créé afin de satisfaire les besoins sexuels de clientes bourgeoises. Abandonné après avoir rendu de bien grands services, il fait la connaissance d'une jeune sans-abri qui va le prendre sous son aile...
Le réalisateur, un certain Fukui, est musicien bruitiste punk à la base. Et tout porte à croire qu'il ne donne pas dans le James Blunt. Son univers visuel, pour se faire une idée, est entre Zulawski (on pense tout de suite à Possession) et Tsukamoto. A cela, Fukui ajoute une bonne dose de William Gibson pour son univers industriel organique, que Tokyo semble décidément incarner à la perfection. On comprend donc qu'on va s'en prendre plein la vue, mais pourquoi ? Visiblement, le réalisateur veut mettre le spectateur face à la monstruosité de la victimisation de son personnage principal. Le film reste plutôt sage jusqu'au rejet dont il est victime, mais quand ça arrive...
Mieux vaut avoir les nerfs bien accroché avant d'entamer le visionnage, vous êtes prévenus. Bien qu'étant très loin des expérimentations anti-narratives (et c'est tant mieux), celle de ce Pinocchio 964 test le spectateur, le pousse dans ses derniers retranchements. Le but est simple, peut-être même simpliste : il faut qu'on soit victime tout autant que l'androïde. Pour cela, on nous envoie une droite dans la machoire, un coup de bottin sur le crâne. Les plans épileptiques, le grand angle, l'ambiance sonore la plus dérangeante jamais entendue à ce jour (une succession de cris abominables), on termine l'heure et demie dans le même état que le robot : lessivé, à bout de souffle après un arathon sans fin à travers Tokyo, à vomir bile et sang. Et ce qui frappe le plus, alors que le générique vient comme une véritable libération, c'est le total premier degré qu'utilise Fukui, alors que ses SFX sont grossiers et que le propos est finalement vain (oui on se sent mal à l'image du personnage principal... mais après ?). Il est évident que le réa à plein de choses à dire, à régler avec le spectateur, mais ici il s'est confronté uniquement au ressenti. Il serait intéressant de le voir donner au fondamental un tout petit peu plus d'importance.