Avec les nanars que nous a récemment pondu Schoendoerffer (d’Agents secrets à Switch, en gros) ainsi que la présence au casting de Gérard Lanvin et Niels Arestrup en têtes d’affiche, Laura Smet, Anne Consigny et Sylvie Testud en seconds couteaux et ce titre, plaqué sur la durée maximum légale d’une garde à vue, soit donc 96 heures réduites en 96 minutes, ce nouveau cru avait sur le papier tout du best of irrécupérable. Arestrup incarne Kancel, un vieux caïd, qui profite d’une extraction pour kidnapper Carré (Lanvin) le commissaire de la BRB, afin de lui soutirer le nom de l’indic qui l’avait balancé trois ans plus tôt, pour le fiasco de son casse. C’est donc un duel d’intimidation entre un caïd vengeur et son flic otage, rien de plus. Evidemment, certains effets parasitent l’ensemble. Bien sûr, le montage parallèle est parfois chaotique ou fait pour empêcher que l’étirement provoque l’ennui. Pourtant, c’est haut la main ce que Schoendoerffer a réussi de mieux avec Scènes de crime, il y a quinze ans. Moi qui regardais Section zéro à côté je me rends compte à quel point Marchal peut être mauvais en tout quand son pote arrive parfois à trouver un correct juste milieu. Il y a plusieurs exemples : Les dialogues d’abord, chez Marchal c’est comme chez Arcady, c’est tellement grandiloquent, écrit dans la punchline que c’est ridicule en permanence. 96 heures est peu dialogué, juste ce qu’il faut et ça tombe bien car les silences d’Arestrup sont ce que le film trouve de mieux. Ce type peut vraiment être flippant s’il n’en fait pas trop ; Rectification, s’il lâche les chevaux avec parcimonie. L’autre élément c’est la violence, toujours utilisée comme un défouloir bien gras chez Marchal, qui adore ça et cela se voit. Dans 96 heures le premier coup de feu intervient après une heure de métrage et il y en aura à peine plus. Et au-delà de ces remarques, le scénario est simple, précis mais sait ménager ses progressions, ses zones d’ombre avant d’accoucher dans un final suffisamment anxiogène pour déjouer son caractère attendu (La fille qui entre dans la danse, la flic qui arrive à bout de sa quête solitaire, les hommes de main qui se grillent entre eux). Franchement, si l’on enlève les quelques phrases bateau qui ouvrent et ferment le film, on peut presque y voir un débouché d’Engrenages, mode format court en décor quasi unique, dans sa dynamique, son crescendo, ses infimes rebondissements en cascade. La musique signée Max Richter, qui accompagne le film tout du long, lui offre une ambiance froide et carré à défaut de nous propulser dans l’action et/ou l’horreur, et c’est tant mieux.