Vu à l'occasion d'une projection privée à Paris, 99 Homes n'était pas un film que j'attendais particulièrement cette année. Le casting et la bande annonce m'avaient intrigué, mais l'attente n'était pas présente. Et bien ma fois, c'est une belle surprise. Une très belle surprise même.
99 Homes relate la crise des subprimes américains à travers le regard d'une famille expulsée de chez elle. Ramin Bahrani (Man Push Cart) livre un film d'une grande et poignante intensité, et intelligemment construit. Lauréat du Grand prix au Festival du film Américain de Deauville en 2015, 99 Homes est une œuvre forte en émotions, nerveusement mise en scène et portée par d'excellents acteurs. La mise en scène de Ramin Bahrani est très efficace. Les longueurs ne sont aucunement présentes, l'immersion est totale. L'histoire est fascinante à suivre, totalement happante et nous présente des personnages attachants. L'atmosphère lourde du long-métrage nous prend au tripes, tout en laissant place à des séquences de fêtes joyeuses très bien filmées. La réalisation est d'ailleurs superbe, tout comme la photographie et les décors. Tantôt nerveuse pour intensifier la dureté des scènes, tantôt plus calme pour alléger le sujet dur du film, la caméra filme son récit avec intelligence. La symbolique de certains plans, certaines scènes mettant en valeur les dilemmes moraux des personnages et les tournures scénaristiques pour éviter les clichés ainsi que les facilités, sont puissamment retranscrites à l'écran, accompagnées d'une bande sonore prenante. La musique est en effet très bien orchestrée par Antony Partos et Matteo Zingales, accompagnant l'ensemble du long-métrage avec brio. De plus, elle insuffle au spectateur un sentiment d'être face à un thriller nerveux.
Car oui, plus qu'un boulversant drame social, 99 Homes est un pur thriller économique. 99 Homes traite un sujet fort, bien que déjà abordé au cinéma. Par exemple, le récent The Big Short d'Adam McKay, sorti l'année dernière, abordait le sujet de la crise économique américaine avec plus de finesse et recherche. D'ailleurs une des répliques du film, qui me sert de titre, est venue et m'est restée en tête durant toute la projection. Ici, c'est l'histoire d'une famille mise à la rue par les banques. Valorisant la psychologie de ses protagonistes et antagonistes, ainsi que les dilemmes auxquels ils doivent faire face, Ramin Bahrani offre à son spectateur une tension implacable. La loi du plus fort est au cœur de l'histoire, grâce à l'homme qu'incarne magistralement Michael Shannon (The Iceman). Celui-ci est aussi effrayant qu'intelligent, il donne à son personnage un charisme irréprochable. Face et avec lui se trouve Andrew Garfield, que j'avais découvert dans les Amazing Spider-Man de Marc Webb et le Social Network de David Fincher. Il interprète tout aussi bien son rôle, sa performance est hallucinante. Les émotions que dégagent les acteurs sont fortes, et ne laissent pas indifférentes. Laura Dern (The Master) est quant à elle mise en retrait, mais reste tout de même très convaincante. Le casting est bon, bien géré ; les personnages partagent leurs ressentis intensément, surtout durant les expulsions et conflits.
99 Homes un drame fortement intéressant, réaliste, qui bouleverse, grâce à une mise en scène recherchée et une histoire poignante. Certes ce n'est pas un chef d'œuvre, mais il reste un excellent film très bien construit.