Plaidoirie surréaliste pour globophage cambrioleur...

Albert Dupontel apparaît généralement comme un vilain déjanté trash convoyeur d'humour décapant. C'est pas faux.
Mais sous l'humour noir qui se déverse à la pelle se niche une délicatesse et une sensibilité sur les choses qui n'est pas donnée à tout le monde. C'est le cas dans ce dernier film en date qu'il orchestre en virtuose depuis son fauteuil de réalisateur.

Les personnages solidement campés par d'excellents acteurs acteurs (à commencer par Dupontel lui-même) ont le trait que l'on pourrait qualifier de forci.
Dupontel joue sur un registre bien connu (cependant mâtiné d'une finesse sous-jacente qui donne du relief à ce Bob), cambrioleur en apparence "débile et taré".
Sandrine Kiberlin est un formidable juge d'instruction à qui le ciel tombe sur la tête. Le premier de l'an qu'elle passe en compagnie de ses collègues du barreau fera date, largement arrosé dans les bulles de champagne. Ses déambulations nocturne font la voir terminer au coin d'une rue sordide et se livrer aux pires turpitudes, nom d'une pipe !
L'histoire forme quasiment un huis-clos avec au final peu de personnages mais d'un drôlerie folle : la scène de la plaidoirie avec un Nicolas Marié au sommet de son art bégayant m'a fait rire à gorge déployée durant de longues minutes. Pour qui aime sérieusement l'humour grinçant de Dupontel, ce film est un véritable festival de plaisanteries et de situations décalées à souhait... avec un soupçon de subtilité parfaitement dosé. C'est ainsi que la façon dont les morts surviennent ne peut que nous tirer un rictus de plaisir, le bruit des glas sont tellement drôles. Sa narration de l'amputation du vieil homme cambriolé est d'une truculence rare, les objets de cuisine virevoltant dans un maelström visuel d'une folle intensité. Les bras m'en sont tombés !

L'histoire vire souvent à l'outrance mais c'est tellement bon de suivre ces situations décalées. Le mélange de sérieux et de burlesque préside à une ambiance surréaliste qui ravira les amateurs.

Dupontel se révèle un créateur de talent ; que vous ayez deux jours à tuer ou bien un long dimanche devant vous, vous pouvez vous attendre à passer un grand soir !
Apostille
8
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le 20 oct. 2013

Modifiée

le 14 sept. 2014

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