Critique qu'il serait bon de réécrire...
De la trilogie « Retour vers le futur » à « Interstellar », en passant par « Jurassic Park », les films de science-fiction à nous faire rêver sont foules. Que ce soit d’imaginer les possibilités infinies que peuvent nous apporter la science, où tout simplement de croire en un futur meilleur, ses films font naître chez le spectateur l’envie que ces fantasmes deviennent réalité. En inconditionnel optimiste, Brad Bird a imaginé avec son dernier film « Tomorrowland » (ne m’obligez pas à sortir le titre en français !) à quoi ressemblerait un monde sans limites technologiques…
Rien de plus classique en apparence. Une jeune adolescente indomptable, fougueuse et rêveuse qui découvre émerveillée un monde tel que celui-ci, ça n’a rien d’étonnant pour un pitch de film de science-fiction. Pourtant, malgré une première partie un poil prévisible (jusque dans quelques-uns de ses dialogues), le récit prend une tournure inattendue, tout en gardant une part de mystère avant un climax final qui ne résout pas tout mais laisse rêveur. Et c’est précisément ce qu’on attend de ce genre de film : qu’ils nous fassent rêver sans tomber dans un optimisme béat. Si l’équilibre est souvent précaire, Brad Bird réussit suffisamment à nuancer son propos pour garder le cap. En plus d’y ajouter quelques pures trouvailles de mise en scène qui faisaient déjà le sel de ses précédents films, entre un jetpack à airbag, un pin’s matérialisant le corps dans deux mondes à la fois, et une infime poussière prédisant l’avenir à court terme. La réalisation est dans son ensemble très bien construite, on est loin des décors futuristes lisses et impersonnels qu’on pouvait redouter.
Le message du film est en tout cas clair : L’avenir ne se construira pas tout seul. C’est à chacun d’entre nous, à son échelle, de l’influer vers un monde meilleur. C’est certainement naïf, mais astucieux : si le réalisateur s’amuse à détruire une boutique rempli d’artefacts qui ferait pâlir d’envie un fan de Star Wars, et envoi une tirade finale presque directement adressée au spectateur, ce n’est pas par hasard. Il dénonce le comportement passif des consommateurs, pour mieux leur faire prendre conscience que la vie ne se trouve pas dans les objets ou les films, mais bien autour d’eux. Et il élargit même cette accusation. Lorsque les professeurs de l’héroïne du film se contentent de constater la dégradation des conditions de vie sur Terre, et que cette dernière demande simplement quelles sont les solutions, le reste de la classe se met à rire. C’est ce comportement que Brad Bird tend à dénoncer, celui de rester cynique et de baisser les bras face à des problèmes qui semblent nous dépasser. Il n’hésite pas de plus à ajouter une dose d’émotion à son histoire déjà bien chargée, à travers un George Clooney en grande forme aux regrets touchants et une Britt Robertson convaincante en ado émancipée.
Tout cela n’est évidemment pas très subtil, mais n’en reste pas moins pertinent. Après « Les Indestructibles » et « Ratatouille », Brad Bird continue de développer sa réflexion sur l’idéalisme avec un certain mordant. Le film est loin d’être abouti, souffre d’une certaine naïveté mais sa démarche va bien au-delà du simple divertissement. Et c’est déjà plus que respectable.
Ma critique du film "Les Indestructibles" :
http://www.senscritique.com/film/Les_Indestructibles/critique/37481198