Version Longue :
Treize ans après l'opus de Ridley Scott et six après celui de James Cameron, c'est un autre grand nom qui reprend le flambeau de la saga Alien, David Fincher, alors méconnu à l'époque, qui envoi Ripley sur une planète-prison suite au crash de leur vaisseau.
Intelligemment, le futur metteur en scène de Seven (bien qu'après des désaccords avec la production, il refuse la paternité de cet Alien) s'éloigne de l'opus précédent et tente de proposer une lecture sombre et oppressante de la saga Alien, nous emmenant dans un univers carcéral symbolisé par une ambiance sombre, crade et même dérangée. Il renoue tout de même avec le film de Scott, dans le côté huis-clos mais surtout l'impuissance humaine face à l'Alien, qui redevient imbattable ou presque, comme en témoigne la fin du film.
L'atmosphère crade se faire ressentir dès le moment où Ripley entre en contact avec les prisonniers, et Fincher pose bien les bases de son film, en montrant le fonctionnement de la prison, la façon dont elle va être perçu par les autres ainsi que la société qui s'est construit sur cette planète isolée. Cette première partie, intrigante, permet au film de bien nous préparer à l'horreur qui va suivre une fois que l'Alien rentrera en scène. Si quelques passages ou dialogues sont trop longs et parfois maladroits, tout comme la relation Clemens/Ripley, Fincher maîtrise tout de même son sujet, et montre qu'il sait prendre son temps pour mieux nous faire ressentir la tension qui monte doucement en puissance.
Si ensuite le film devient avant tout une longue traque, on ressent la maladresse d'abord dans les personnages entourant Ripley ainsi que certains aspects caricaturaux ou tout simplement une subtilité manquante. C'est dommage, car les bonnes idées de ne manquent pas (bien que le rendu final ne soit pas parfait, l'idée de la caméra subjective est assez bonne par exemple), surtout que, par moment, Fincher exploite assez bien les particularités de la prison, et si ce n'est pas préjudiciable, ces failles empêchent le film d'être à la hauteur de l'ambition initiale.
Continuant son éternelle lutte face à cette créature, Sigourney Weaver est encore remarquable, sachant porter le film sur ses épaules lorsque cela est nécessaire. Si la représentation de l'Alien numérique de 1992 est moins impressionnante que celle de 1979 voire 1986, la reconstitution et les décors sont remarquables, accentuant l'atmosphère oppressante de l'oeuvre. Enfin, le jeune cinéaste continue d'explorer et étoffer la mythologie Alien, avec quelques idées intéressantes à l'image de la créature à l'intérieur de l'animal décédé et son évolution déjà bien avancée lorsqu'elle en sort.
Si on découvre bien quelques prémices du futur Cinéma de David Fincher dans ce troisième opus de la saga Alien, celui-ci n'atteint pas forcément le niveau de ses prédécesseurs, mais on peut facilement oublier ses quelques failles et maladresses pour mieux plonger dans l'horreur de cet univers carcéral, et suivre une Sigourney Weaver toujours déterminée à faire face à cette créature aussi effrayante que fascinante.