Mon cinéma de quartier a pris l'excellente initiative chaque été de proposer des séances de cinéma en plein air, gratuites, et où il projettent des vieux classiques. Ces séances ont de plus le bon goût de se faire dans la cours de la brasserie attenante au cinéma, ce qui permet non seulement de regarder d'excellent films, mais de les accompagner d'excellents breuvages.


Cette saison s'ouvrait avec le Alien de Scott, et bien que je possède le coffret à la maison, je ne pouvais manquer l'occasion de voir ce film sur grand écran. Donc, ni une, ni deux, on se retrouve avec quelques amis pour regarder à nouveau ce morceau d'anthologie. Chose amusante, un jeune fille n'ayant jamais vu le dit film (ce qui serait impardonnable, sans les atouts combinés de la jeunesse, et des tenues légères qui conviennent aux circonstances estivales... Brave petite) nous accompagnait. En dehors des considérations qui sautent aux yeux comme un décolté plongeant ou une jupe assez courte pour faire saigner du nez le vieux pervers qui sommeille en chacun de nous (et surtout en moi diront les mauvaises langues et les hypocrites), il est toujours amusant de voir l'impact que peut encore avoir ce film sur un regard neuf 36 ans après sa sortie.
Bref, nous voilà donc tous confortablement installés et la séance commence.


Bilan, le film de Scott fonctionne toujours aussi bien, d'abord parce que la jeune fille sus-citée a passé toute la scène du repas qui tourne mal les deux mains sur le visage, les doigts écratés, afin d’entrapercevoir ce qui se passait, et a eu quelques moments de sursaut et d'angoisse assez visible, et surtout ensuite, parce qu'on a même pas besoin de ça pour s'apercevoir que le premier film de la franchise reste une grosse claque dans la tronche.


Dés le premier plan, où le Nostromo survole la caméra pendant un temps considérable, on voit que Scott à compris les leçons de Starwars, sortis deux ans avant. Et puis, cette première séquence où la caméra se faufile à l'intérieur des coursives du vaisseau laissé à l'abandon avant le réveil des protagonistes, tout en travelling et panoramique maitrisé, pose déjà une ambiance lourde et oppressante. Les coursives du vaisseau montre une technologie loin d'être clinquante, mais justement très industrielle, un peu crade, et qui sent la machine qui vogue dans l'espace depuis un moment.
On redécouvre avec plaisir les protagonistes de l'histoire, qui ne sont pas des héros typiques, mais plutôt des camionneurs de l'espace, et tout ça nous saute aux yeux en quelques scènes. Univers, ambiance, vie intradiégétique des membres de l'équipage plus vraie que nature. Bref, on est déjà dans une vraie réussite.
L'arrivée sur LV 426 n'est pas en reste, et la brume permanente couvrant la planète, la sombre pénombre recouvrant chaque scène à l'intérieur du vaisseau du "Space Jockey" qui permet à l'imagination de combler ce qui n'apparait pas à l'écran, indique encore une fois toute la maitrise de l'ensemble de l'équipe travaillant sur le film. Il faut bien sûr citer Giger, car sans lui, l'impact visuel de ces scènes, comme de la créature qui va venir ne serait pas tout à fais le même.
D'un point de vue formel, j'aime beaucoup le fait que les plans très posés au début du film vont peu à peu acquérir plus de dynamisme dans la mise en scène à mesure du chaos grandissant introduit par la créature, et se font également le reflet de la peur grandissante des protagonistes.
La séquence d'autodestruction de la fin poussant le procédé à son paroxysme en jouant sur des éclairages très contrastés entre la pénombre et des explosions lumineuse renforçant les impressions déjà convoyées par la caméra devenue folle de Scott. Bref du grand art.


Ce qui est également très appréciable, c'est que les héros n'en sont pas, et que Ripley n'est au départ présentée que comme un membre du groupe à part entière. Des gens ordinaires confrontés à des circonstances extraordinaires; confrontés à une créature que les grands anciens n'auraient pas reniés.


Par son ambiance, sa mise en scène sans esbroufe, mais dont la forme renvoie directement à l'état d'esprit des protagonistes, Alien fait très clairement partie des grandes œuvres de la science-fiction et de l'angoisse. De plus le film accuse à peine ses 36 ans, se regardant toujours avec plaisir, et parvient à distiller l'angoisse qu'on attend de ce genre de film aussi bien pour le vieux routard que je suis (et qui l'a déjà vu un sacré nombre de fois) , que pour notre jeune amie qui semble avoir été absorbée par ce film (ce qui constituait en soi un spectacle amusant).

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le 6 juil. 2015

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Samu-L

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