L'un des inqualifiables nombreux manques à ma culture cinématographique est comblé. J'ai enfin vu Alien. Je redoutais cette confrontation avec ce monument annoncé. Fanatique absolu de Blade Runner, l'étiquette horreur de Alien me rebutait. J'ai une tendance à m'ennuyer profondément devant ces films à sursauts aux ficelles toutes similaires. Et bien, malgré la partie épouvante pure, je ne regrette pas la séance.
La première partie du film, tout en plans lents de paysages extraterrestres, de carcasses de vaisseaux embrumés, et travellings lancinants dans les couloirs crasseux du Nostromo, est simplement jouissive. Complètement hypnotisé, je devais constamment m'extraire de cette transe pour m'empêcher de percuter mon écran à force de vouloir instinctivement me plonger au cœur de l'image. Je comprend mieux à présent l'importance que prenait Alien dans nécrologie de Moebius. On reconnait tout à fait son style purulent, grouillant de détails, d'une noirceur folle, presque dégoulinante... La patte Métal Hurlant est bien là. Un régal visuel donc.
La seconde partie, plus versée dans la tension et la volonté manifeste de faire sursauter le spectateur, reste excellente, avec des retournements de situations bien dosés. On n'a pas à faire à un simple massacre en règle de l'équipage, mais à la résurgence de conflits latents au sein d'un groupe somme toute simple, là pour toucher sa prime et rentrer au bercail, confronté à l'inimaginable.
Concernant le casting, l'ensemble est excellent. Et à une hauteur stratosphérique supplémentaire, Sigourney Weaver éclabousse la pellicule de son jeu, entre autorité froide, crises de nerfs ou d'angoisse, plan serrés en légère contre plongée sur son visage incarnant peur et fureur mêlée, ruisselant de sueur. Maintenant je sais pourquoi c'est une actrice culte.
Si Ridley Scott n'avait pas encore tout à fait atteint la perfection formelle de réalisation qui fera son succès dans Blade Runner, il avait déjà signé avec Alien un film qui lui confère le statut de héros de la hard-SF sur grand écran.
Et Alien confirme que décidément, les chats sont les maîtres des humains.