Discret à sa sortie, American Ultra est la seconde réalisation de Nima Nourizadeh, à qui l’on doit Projet X… mais comme je ne l’ai pas vu, on s’en fout. Pour en revenir à son dernier long-métrage en date, la curiosité était de mise quant à la portée de son contenu : car entre des prédispositions au film d’action, à la comédie parodique ou encore la romance, le mash-up promettait d’être intéressant. Néanmoins, qu’en est-il vraiment ?
Formellement, le film tient la route avec des séquences d’action assez bien torchées : mieux encore, Nima Nourizadeh (ou tout autre membre de son crew) semble avoir abusé savamment de la fumette au point de confectionner un univers graphiquement détonnant (le générique de fin est délicieusement perché).
Figure de proue d’un casting dans l’ensemble efficace, Jesse Heisenberg s’avère finalement convaincant en péquenaud junkie plein de ressources cachées : ses mimiques, paniques, hésitations et états d’âmes en font une figure originale et attachante malgré le marasme scénaristique ambiant. Quant à sa comparse Kristen Stewart, que du bon : parce que son legging, c’est fichtrement priceless. Plus sérieusement, en dépit d’un rôle caricatural assujetti à de grosses ficelles, l’ex-Bella s’en tire plutôt bien, et complète un tandem efficace à l’écran.
Par extension, leur love story, pétrie d’un gnangnan-tisme fluctuant, est contre tout attente émouvante (suffisamment, ni trop tout du moins), ce qui confirme la tendance à l’appréciation de ce duo haut en couleur. Par ailleurs, celui-ci constitue un prisme humoristique tranchant nettement avec le ton général des évènements : sans surprise, la résultante tient ainsi en des airs parodiques, mais comme soufflés à demi-mot.
En réalité on ne sait pas vraiment sur quel pied danser avec American Ultra : du thriller type Bourne à la parodie ne se prenant pas la tête, le film navigue entre plusieurs eaux sans jamais vraiment prendre parti. Certes, là pouvait être un motif de réjouissance au travers d’une intrigue aussi bien débridée que captivante, mais l’on en retire surtout des faux airs de récit satirique ne parvenant pas à équilibrer sa palette d’atmosphères (diverses et variées).
De surcroît, ses faiblesses patentes d’ordre scénaristique plombent quelque peu le tableau : le fait est que cette histoire d’ancien agent amnésique, passé par un projet gouvernemental top secret, sent le réchauffé à des kilomètres à la ronde.
Pire encore, le long-métrage manque clairement de crédibilité à mesure que des incohérences conséquentes viennent parasiter sa narration : la toile de fond gouvernementale ne cristallise que trop bien cet état de fait, le stéréotype ambulant qu’est Yates (très très méchant le bougre) multipliant les invraisemblances « non autorisées » que sa hiérarchie (Krueger) a pourtant implicitement légitimé…
De plus, la cerise sur le gâteau tient en le pathétisme du projet « Titan », dont les quelques représentants s’apparenteront à d’obscurs larbins décimés avec une aisance déconcertante, de quoi les qualifier de simples ressorts scénaristiques mineurs.
Enfin, si l’on félicitait dans un premier temps la package visuel d’American Ultra, on tire la grimace en ce qui concerne sa BO : celle-ci est de fait hautement impersonnelle (effet « bouche-trou ») en dehors de quelques sursauts, qui sont malheureusement insuffisants pour pleinement contribuer à l’instauration d’une ambiance délectable (elle est tout au plus sympathique).
En résumé, American Ultra parvient à se démarquer en dépit de son étiquette « super-agent », qui renvoie à un genre prolifique sur grand écran ces dernières années. Pour autant, si le divertissement est globalement assuré, point de réjouissance au menu dans la mesure où il s’encombre d’une composante scénaristique sérieuse-(ment) lourdingue, la faute à des choix narratifs téléphonés voire invraisemblables / illogiques. Difficile dans ces conditions d’en recommander le visionnage, quand bien même celui-ci demeure une production de bonne facture.