Eminent spécialiste en hiéroglyphes et écritures anciennes, le professeur David Pollock (Gregory Peck) est contacté par le mystérieux Najim Beeshravi, qui lui demande de décrypter une inscription hittite. En parallèle, le Premier Ministre d’un pays important du Moyen-Orient apprend à Pollock que Beeshravi est un membre important de l’opposition à sa politique, et lui demande d’espionner ce dernier. Pollock y consent, mais succombe rapidement au charme de la belle Yasmine (Sophia Loren), chez qui loge Beeshravi. Elle constituera une alliée de choix dans la course contre la montre qui s'engage entre Beeshravi et Pollock, lorsque ce dernier apprend que son hôte compte le tuer après qu'il ait décrypté l'inscription. Seulement, pour qui travaille-t-elle ?
Trois ans après Charade, incontournable chef-d’œuvre de la comédie policière portée par le duo d’anthologie Cary Grant/Audrey Hepburn, Stanley Donen revient à l’attaque en remplaçant Audrey Hepburn par Gregory Peck et Cary Grant par Sophia Loren. Si le charme fou de Paris manque cette fois-ci à l’appel, c’est en tous cas avec le même plaisir que l’on suit les péripéties folles, tour à tour hilarantes ou stressantes, du professeur Pollock.
Se réappropriant les règles du bon film d’espionnage à la Hitchcock, Donen parvient à égaler le Maître du suspense en introduisant dans son récit une excellente ambiguïté autour du personnage de Yasmine, dont on n’arrive jamais à savoir si elle travaille pour un des deux camps principaux ou pour un troisième. L’action n’y est pas sacrifiée pour autant, et Donen nous offre quelques mémorables séquences de poursuites, digne du meilleur James Bond de la grande époque Sean Connery.
Que cela suffise à faire un grand film, peut-être, mais si Arabesque peut prétendre à ce statut, c’est sans nul doute grâce à la magnifique photographie de Christopher Challis, tout aussi psychédélique qu’élégante, qui joue très efficacement sur les reflets, traduisant visuellement les nombreux faux-semblants dont sont victimes les personnages et le spectateur. Quoiqu’inférieur à son inégalable aîné Charade, Arabesque porte donc, à son image, le film d’espionnage à son point le plus haut, nous rappelant qu’un simple divertissement peut tout aussi bien s’avérer une véritable oeuvre d'art.