Une parodie décomplexée de James Bond
Arabesque peut se regarder de deux manières différentes. Si l'on prend ce film d'espionnage au premier degré, on lui trouvera une multitude de défauts qui laisseront un goût amer une fois le générique de fin achevé. L'intrigue est trop confuse, les multiples retournements de situation sont grotesques, le réalisateur use et abuse d'effets de style inutiles, et surtout, Gregory Peck a quelques années de trop pour ce rôle physique.
Par contre, si on accepte dès le départ que ce long métrage est une parodie décomplexée de la saga James Bond, l'expérience lors du visionnage en sera tout autre. Arabesque est en effet un film faussement sérieux qui doit absolument se prendre au second degré. Tout est joyeusement ridicule dans cette histoire d'espionnage, à commencer par le grand méchant qui n'enlève jamais ses lunettes de soleil et qui se déplace toujours avec son faucon à portée de main ! Sa femme n'est pas en reste, et à force de retourner sa veste encore et encore, on ne comprend plus grand-chose à ses motivations… Interprétée par la belle Sophia Loren, elle est l'atout charme de ce film, et à l'exception d'un bobby imperturbable de Buckingham Place, personne ne résiste à ses beaux yeux bordés de noir…
Gregory Peck a quant à lui des airs de Cary Grant, période "La Mort aux Trousses". Vieillissant et dépassé par la tournure des évènements, ce gentleman spécialiste des hiéroglyphes a cependant toujours un mot pour détendre l'atmosphère. Comble du comble, c'est Jean-Claude Michel (alias la voix française de Sean Connery) qui le double dans la VF. Si l'on ajoute à cela le fait que le film a été tourné dans les fameux studios Pinewood près de Londres, le lien avec James Bond n'en est que plus évident…
Alors même si le méchant interprété par l'excellent Alan Badel est flegmatique au possible et que le couple Peck/Loren possède une belle alchimie à l'écran (cf. la scène très cocasse sous la douche), Arabesque ne reste au final qu'un agréable divertissement trop ancré dans l'esthétique "mod" des années 60. Le passage où le héros perturbe la circulation nocturne sous l'effet de psychotropes est par exemple long et ennuyeux, et il en va de même pour la scène sur le champ de courses. L'humour tombe souvent à plat, et force est de reconnaître que malgré ses efforts, l'élégant Gregory Peck n'est pas toujours à son aise pour délivrer des punchlines.
Prenez donc ce film pour ce qu'il est, à savoir une parodie bondienne au rythme effréné qu'il ne faut surtout pas prendre trop au sérieux. Sortez le paquet de popcorn, débranchez le cerveau, et vous passerez à coup sûr un agréable moment en compagnie de Sophia et Gregory !