Alors que les films de vampires resurgissent pendant les années 80, la réalisatrice Kathryn Bigelow (à l'époque Mme James Cameron) se lance elle aussi dans une relecture du mythe en se débarrassant des clichés pour servir a contrario un film intelligent, lorgnant beaucoup plus du côté du western que du film fantastique. Ainsi, Aux frontières de l'aube nous entraîne dans la cambrousse américaine, un peu reculée, où les bars jonchent les routes et où les derniers cowboys continuent de se la péter.


C'est ici que l'un d'eux, Caleb (Adrian Pasdar), va malencontreusement tomber sous le charme de la belle Mae, une paumée qui va inexplicablement le mordre. À partir de là, le jeune fermier va voir sa vie transformée à tout jamais... Sans jamais énoncer une seule fois le mot en V, la réalisatrice parvient à rendre hommage au film de genre tout en proposant une nouvelle vision du thème vampirique.


À l'instar de Génération perdue, nos créatures de la nuit sont des punks insouciants, suicidaires et violents, une bande inséparable qui s'amusent à tuer la population humaine tout en se nourrissant, un gang des routes américaines composé de cinq membres aux règles inviolables et aux personnalités variées : Jesse (l'imposant Lance Henriksen), le chef ayant apparemment fait la Guerre de Sécession, Severen (Bill Paxton dans l'un de ses meilleurs rôles) le dégénéré cherchant toujours querelle, la belle Mae (Jenny Wright) et enfin Diamondback (Jenette Goldstein) la compagne de Jesse et protectrice de Homer (Joshua John Miller, étonnant), qui a conservé son apparence de gosse de 12 ans.


Quasiment tout le casting d'Aliens est présent, emprunté à son mari de l'époque, pour un choc visuel imposant qui n'a pas pris une ride. De plans iconiques mémorables en séquences d'action maîtrisées, Bigelow impose sa patte : mise en scène tantôt poétique tantôt nerveuse, gunfights tonitruants, attitude décomplexée de personnages attachants et hémoglobine suffisamment présente. Ainsi, en revigorant elle aussi le genre, Kathryn Bigelow livre un film de vampires nouvelle génération totalement exaltant, un long-métrage fracassant, mélange de romance et d'action qui, malgré un petit retournement de situation poussif, reste encore aujourd'hui une œuvre majeure dans le cinéma fantastique.

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le 27 mai 2019

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