Hey Baby,
Tu sais qu'Edgar Wright, ton réalisateur, vient de te hisser comme l'un des meilleurs souvenirs de cette année 2017 ? Et cela dès les quinze premières minutes de Baby Driver ?
Bon, c'est vrai qu'on savait le gars assez habile et que la réussite était toujours au rendez vous avec lui, de Shaun of the Dead à Scott Pilgrim. Il n'y aura eu que le malheureux épisode Ant-Man pour décevoir. Et encore, ce n'est pas de son fait. Surtout qu'au passage, il y aura gagné l'aura de celui, intègre, qui refuse le conformisme de la formule toute prête servie par les grands studios. Si la blessure semble rester profonde, il n'y a, finalement, pas trop perdu aux changes.
Mais désolé, Baby, je m'égare. Car oui, il ne faudra pas plus de quinze minutes à l'ami Wright pour que l'on s'attache immédiatement à toi, à ton allure juvénile et à ton mutisme chargé de traumas. Il n'y en aura pas fallu plus pour réclamer à corps et à cris une nouvelle scène de braquage et de poursuite, tant celle qui entame le film emballe et plonge le spectateur dans un état proche de la jubilation. Et cette scène, presque tout droit sortie d'un musical, qui suit tes pas dans une rue taggée, où la musique épouse littéralement chacun de tes mouvements, chacune de tes pulsations, qui annonce le souci d'intégration de la BO utilisée comme un véritable élément de la narration. Une musique qui achève de classer Baby Driver, dans sa première partie, dans le registre imparable du film funky, cool et pop qui reste immédiatement en mémoire. Et dont on a constamment envie de battre la mesure, les pieds sous le siège rouge de devant dans la salle, dès lors que résonnent Bellbottoms, Tequila, Neat Neat Neat ou encore Brighton Rock. Ou comme dans cette laverie automatique où ces bottines et ces chaussures plates s'animent. Au rythme de l'attirance mutuelle et des sentiments qui naissent, tout simplement beaux et touchants comme le sourire craquant et ravissant de la belle Lily James. Et je t'ai envié, Baby, de tomber sous son charme...
Edgar Wright aurait pu en rester là, à dérouler le fun de son scénario en enchaînant les poursuites et faisant brûler sauvagement les pneus de ta monture avec la délectation d'un gamin qui prend son pied. C'était, inconsciemment peut être, cela que j'attendais. Car le virage qu'il prend, et que tu négocies au frein à main, tempère peu à peu la jubilation qu'a procuré jusqu'ici Baby Driver et son aspect presque solaire dès lors qu'il réunit les deux tourtereaux en leurs sentiments simples et beaux.. Car les irruptions de violence, je ne m'y attendais pas. Pas plus qu'à tes compères bouffant peu à peu l'écran, Jon Hamm et Jamie Foxx en tête. Inquiétants, incontrôlables, têtes brûlées. Tout d'un coup, dans le monde dans lequel tu évoluais, tu deviens comme un décalage, une anomalie. Mais on te suit toujours, tellement on s'est attaché à toi au fil d'une oeuvre qui devient nerveuse et passe comme un souffle.
Car si tu deviens prisonnier des évènements, ton allure juvénile, ton passé, tes aspirations, ton histoire d'amour avec ta charmante petite serveuse, on a envie que, malgré la noirceur, Baby Driver n'abime pas tout cela. Qu'il le préserve, pour garder ce punch et cette énergie du début de ton aventure. Et Wright y arrive, miraculeusement, en te faisant grandir et en te laissant prendre ton avenir en mains. Tandis que la dernière course devient frénétique, spectaculaire. Que tout s'emballe. Toujours au rythme de cette BO, l'une des meilleures de l'année, endiablée et jamais gratuite, d'un travail de mixage sonore qui en épouse le tempo et se substitue aux basses. Mais il y a aussi cette tendresse finale, intacte, en forme de pause, de respiration, d'espoir qui n'est pas nourri en vain.
Ton film, Baby, est une déflagration pop virevoltante en forme de condensé du cinéma d'Edgar Wright, de ses motifs les plus réjouissants et de sa volonté enthousiasmante de revisiter le genre braquage en le dynamitant et en le reconstituant à sa main. Baby Driver est un véritable plaisir dans chaque image qu'il offre, turbulente, chaleureuse, cool et instantanément culte.
J'ai failli ne pas les voir, tes folles aventures, tu sais ? La faute à une programmation frôlant le non sens, ainsi qu'à une faiblesse de mon état de santé qui ne semble ne pas vouloir me lâcher. Baby Driver au delà de toutes ses qualités, aura réussi le tour de force de me faire penser à autre chose deux heures durant. Penser à toi, à tes incroyables aptitudes et au spectacle intense procuré.
♫ Baby, you can drive my car ♪ quand tu veux, tu sais. Parce que j'aime bien aussi, finalement, être de temps en temps assis à la place du passager. Car j'adore te voir le volant en main, faire crisser les pneus tout en martyrisant la mécanique.
Ansel Baby !
Behind_the_Mask, Lovedrive.