Quel bonheur de revoir ce film après avoir pleinement goûté les drôles d'émotions de Comme un avion du même réalisateur ! Je trouve bien des échos entre ces deux oeuvres qui reflètent parfaitement la sensibilité de Bruno Podalydès : la galerie de personnages hauts en couleur, l'humour omniprésent (d'une finesse incomparable), l'ode à l'humain et à sa folie farfelue et poétique, un sens fantaisiste de l'absurde avec, en arrière-plan, la nature, le vivant - arbres, oiseaux - comme une bulle ressourçante où se nouent les plus improbables rencontres. J'ai également noté le clin d'oeil avec le kayak que l'on voit à la fin - on peut imaginer que Comme un avion serait la suite de ce film de 2009.


Impossible ici de passer en revue l'entièreté du casting 5 étoiles qui, de Poelvoorde à Deneuve, offre à de nombreux (et grands) acteurs, des morceaux de bravoure délicieux, sous forme de petites saynètes souvent hilarantes aux dialogues très réussis.


On trouve trois cadres dans Bancs Publics qui, a bien des égards, s'apparente à une pièce de théâtre aux différents décors, les personnages se croisant dans l'un ou l'autre paysage :



  • L'entreprise - Hippolyte Girardot, Pierre Arditi et Michel Vuillermoz, excellents en managers bullshiters qui ne foutent finalement pas grand-chose, les secrétaires qui glandent, l'histoire de la banderole de détresse qui obsède tout le monde : bien qu'elle soit la partie la moins aboutie de l'histoire, ce passage n'en demeure pas moins assez réjouissant et agit comme un fil rouge.


  • Le square et son labyrinthe de rencontres improbables, de personnages lunaires, fantasques ou désabusés qu'on suit d'un buisson à un autre. De conversations rigolotes en situations burlesques, le spectateur se régale d'être le témoin de ces moments privilégiés entre individus réunis souvent par le hasard.


  • Le magasin de bricolage qui nous réserve les meilleurs moments entre les acteurs : Bricodream est ce même petit monde clos à l'insouciance innocente, préservé des vicissitudes extérieures (à l'image de l'auberge d'Agnès Jaoui dans Comme un avion) dans lequel les êtres viennent chercher une aide, un éclaircissement ou un refuge. Le fait que les employés portent tous une blouse bleue nuageuse (ce sens du kitsch poétique quand même !) les rapproche de l'univers hospitalier - à une différence près : les médecins sont au moins aussi fous que les patients ! Le jargon du bricolage et ses multiples outils foldingos - à l'image de la clique qui les vend et les achète - servent de prétextes à d'irrésistibles échanges aux dialogues toujours pleins de finesse et de subtilité.



Très bien écrit et réalisé - l'anecdote du manège que l'on retrouve à la fin via la vue d'avion du square, ce petit univers qui tourne et met en scène différents caractères est la parfaite illustration du film ! - jouissant d'une distribution impeccable, Bancs Publics est une réussite en tous points.


Bref, me voilà une nouvelle fois conquise par Podalydès - autant Bruno que Denis d'ailleurs - qui, avec ce film prouve qu'il est le maître français de la douce dinguerie poétique qui, décidément, fait toujours bien fou.

BrunePlatine
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Irrésistibles comédies et Bons films vus en 2016

Créée

le 9 juil. 2016

Critique lue 565 fois

19 j'aime

6 commentaires

Critique lue 565 fois

19
6

D'autres avis sur Bancs publics (Versailles Rive Droite)

Bancs publics (Versailles Rive Droite)
Aurea
6

A chacun son banc

Mais que signifie donc cette banderole en lettres blanches sur fond noir, accrochée au 4ème étage d'un immeuble, et qui proclame, de façon plutôt sinistre: "HOMME SEUL" ? C'est ce que se demandent...

le 25 oct. 2011

26 j'aime

8

Bancs publics (Versailles Rive Droite)
Black-Night
5

Critique de Bancs publics (Versailles Rive Droite) par Black-Night

Bancs Publics (Versailles Rive Droite) est un film pas mal. Seulement pas mal car cette comédie écrite un peu de façon pièce de théâtre s'essouffle malheureusement bien trop vite. Doté d'une...

le 15 janv. 2015

7 j'aime

4

Du même critique

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

80 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
BrunePlatine
10

Hot wheels

Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...

le 17 déc. 2015

77 j'aime

25

Soumission
BrunePlatine
8

Islamophobe ? Vraiment ? L'avez-vous lu ?

A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...

le 23 janv. 2015

71 j'aime

27