Qu’on se le dise, le genre du barbare en slip n’est pas mort. Quelques nouvelles têtes tentent d’égaler la sauvagerie féroce d’Arnold. Dans le cas présent, faisons donc un petit bonjour à Mike O’Hearn, trois fois Monsieur Univers parait-il, tous de muscles tendus. Avec son look de beau-gosse hollywoodien, ce n’est pas le genre d’acteur qui sent la sueur sauvage, mais son physique est bien exploité par la caméra.
Celle-ci nous propose donc de suivre les aventures de Kane, un aventurier qui est destiné à retrouver trois artefacts afin de sauver le royaume d’un méchant usurpateur et de libérer la princesse . Guidé par une sorcière qui l’aide à travers ses rêves, il part accompagné d’une affreuse créature poilue, de la dernière des amazones et d’un ersatz de Conan.
L’histoire ne retiendra pas Barbarian pour la beauté de son scénario, qui empile clichés sur clichés de l’héroic fantasy pour arriver à des moments extrêmement gênants. La première rencontre entre Kane et la princesse est d’une kitscherie qui aurait eu sa place dans le clip « Je te survivrai de Jean-Pierre François ». Après des débuts assez mouvementés, le film s’endort avec un tournoi de féroces combattants organisé au sein du château. Vous connaissez le principe, sauf qu’ici chaque affrontement y compris les plus mineurs est montré. C’est du remplissage.
Heureusement, ces combats sont parmi les plus intéressants du film, qu’on suppose joués par des professionnels, même si cela ne vole pas toujours bien haut. C’est technique, c’est visuel, mais il y en a trop pour ne pas s’en gaver. La deuxième partie en est truffée, affaiblissant un rythme pourtant bien parti. Pour le reste, si Mike O’Hearn sait jouer de son épée, et ne s’en prive pas, il n’y a aucun peps dans chacune de ses confrontations.
Pour ne rien arranger, la réalisation hache ces scènes, chaque action étant découpée, mais au montage cela donne l’impression de faits d’armes qui ne sont pas reliés entre eux, comme si les coups ne portaient pas. La caméra d’Henry Crum semble mal assurée, toujours hésitante sur le plan à choisir. Mais moins sur l’exposition de corps féminins. Dès qu’il y a un peu de nudité dans un film, on peut deviner les fantasmes du réalisateur, c’est le principe Russ Meyer. Ici, le poitrail féminin est particulièrement valorisé, avec des petites pointes de saphisme, l’usurpateur ayant son petit harem personnel. Un combat de femmes dans la boue est probablement le point culminant de l’érotisme du film, hélas trop court. Nous aurons compris que le féminisme ne passera pas par ce film.
Ceci dit, il serait trop facile de critiquer Henry Crum pour certains aspects du film. Puisqu’il a été embauché après le limogeage des deux précédents réalisateurs par les producteurs, sous un autre nom en plus. Il a dû réviser le script, refaire des scènes, modifier le montage le tout en quelques jours seulement. Des scènes d’un autre film dont Barbarian est le remake non assumé sont même intégrées à celui-ci, mais la greffe ne se révèle qu’aux plus fins observateurs. Si ce film peut sembler à ce point bancal sur de nombreux points, sur certaines scènes, sur certains points du scénario, il semblerait qu’il faudrait avant tout accuser les producteurs.
Ceux-ci, trop près de leurs sous, ont fait de ce film une version un peu cheap du genre. En 2003, ne pas utiliser le moindre effet spécial numérique, hors explosions de magie, évidemment, serait en soi une bonne chose à saluer pour les fans. Les décors sont historiques, les costumes et les effets spéciaux sont faits à la main, ma petite dame.
Mais c’est à ce moment précis qu’on doit parler de Maclou. Maclou est le valet de Kane, le sidekick un peu bouffon, une créature poilue au doublage français hilarant. C’est l’aspect humour, la petite farce. Celle qui doit amuser mais qui agace. Celle qu’on voudrait passer par le fil de l’épée. Même le costume de ce cousin congénital d’Ewok est une afreuseté, cousue on ne sait comment, probablement avec des restes de tapis. Sa tête est une gueule canine qui supplierait de l’abattre.
Alors oui, Barbarian est drôle, bien malgré lui. Dans la catégorie du nanar barbare, il n’égale pas ses éminents grands frères tels que Dar ou les Barbarians. Le film est une créature malade de producteurs qui n’ont probablement demandé que deux choses : des muscles et des seins. Mais Barbarian regorge quand même de scènes assez croustillantes, de sorties de routes qu’on ne peut qu’applaudir. Un bon cru malgré tout, dans le registre du barbare huilé.
Nanarland en a fait une critique.