« J'ai tué Batman » disait George Clooney. Il n'était pas le seul ! Schumacher arrive à faire pire que Batman Forever (qui était néanmoins un bon divertissement) et livre une adaptation ridiculisant avec brio la carrière du Cape Crusader. Tout est donc à plaindre dans ce quatrième opus. Les scènes d'action molles au possible quand elles ne sont pas cartoonesques (voir Batman et son acolyte "surfer" dans les airs sur des morceaux de capsule spatiale est à peine croyable), acteurs au summum du cabotinage le plus agaçant, dialogues éreintants, décors fantasques garnis de couleurs gotho-fluo d'un criard horrible contrastant totalement avec l'univers noir et torturé de Tim Burton...
L'humour, omniprésent, s'avère définitivement insipide (on ne compte plus les jeux de mots navrants) pendant que l'on subit un scénario plus que risible tiré par la racine des cheveux où le côté fantastique est ici poussé à son paroxysme. Nous découvrons donc un Batman fatigué de devoir se coltiner un Robin de plus en plus indépendant alors qu'il doit affronter un freak souhaitant congeler le monde et son alliée de fortune, Poison Ivy, qui veut paradoxalement créer un monde gouverné par les plantes. Deux méchants que tout oppose réunis pour le pire avec une absence de logique déconcertante.
D'autre part, le casting est une jolie aberration qu'est le casting n'arrange rien à l'affaire : d'un Arnold Schwarzenegger en Mr Freeze dans l'un de ses pires rôles de cabotins à une Uma Thurman campant une Poison Ivy aussi soporifique que l'inspecteur Derrick sans oublier l'arrivée de l'insupportable Alicia Sylvestone dans le rôle d'une Batgirl des plus inutiles. On regrettera principalement un George Clooney parfait par le double rôle de Bruce Wayne / Batman, charismatique au possible et bigrement plus mature mais hélas mou du genou en justicier masqué et peu impliqué dans le rôle. Dommage.
Ainsi on s'ennuie ferme dans ce dernier volet de la tétralogie, les incohérences se multipliant à chaque minute entre faux-raccords multiples, effets spéciaux inégaux et aberrations d'un autre monde comme les fameux tétons sur le bat-costume, la carte de crédit de Batman, le machiavélique personnage de Bane rabaissé à un sous-fifre muet et la transformation de Barbara Gordon (Batgirl) en nièce d'Alfred... Joel Schumacher tue définitivement la franchise brillamment amorcée avec Tim Burton et tandis que les fans peinent encore à se remettre de cet affront grand-guignolesque, le réalisateur du pourtant excellent Droit de tuer? entame son lourd deuil cinématographique.