Il faut Bat la kryptonite tant qu'elle est chaude

Est-ce vraiment ajouter une pierre à l'édifice de faire sa critique de Batman v Superman maintenant, 5 ans après la fin des combats ? A vrai dire, vu le nombre de bâtiments rasés, je dirais qu'une pierre de plus ou de moins...
Non parce que j'ai sans cesse repoussé l'échéance. Il faut dire que la critique n'était pas très encourageante. Et puis trouver 3 heures d'affilée à placer dans une journée, il aura fallu attendre une maison vide pour que je puisse m'y coller, faire vrombir les enceintes et m'affaler dans le canapé, légèrement confiant de ne pas me coltiner une grosse bouse suite à l'honorable Man Of Steel.

Comme pour l'écurie Marvel et son Captain America, je n'ai jamais été fan de Superman. Trop facile ! Mais Zack Snyder avait réussi à réinitier quelque chose d'intéressant, dans son style christique et tape-à-l'œil, tout en ralentis et CGI, transformant les affrontements de l'exilé kryptonnien en véritables petits ersatz de combats à l'imagerie très shonen (déplacements ultra-rapides, points d'impacts sous les corps qui s'écrasent, tranchées creusées à travers le bitume à la force du dos et vitres qui explosent). Et franchement, les bastons de ce genre, j'adhère.
On les retrouve d'ailleurs dans cette suite qui va voir s'opposer les deux figures majeures de l'univers D.C. Ayant toujours été Team Batman, bien plus attiré par la noirceur et l'ingéniosité du personnage, j'étais curieux de voir si Snyder s'en sortirait comme il l'avait fait précédemment.

Et c'est un grand OUI ! Je n'ai pas vu la première version et sa demi-heure de moins mais pour le coup, les 3 heures sont passées sans que mon attention ne s'effrite. Certes, tout n'est pas parfait et la pâte Snyder est parfois outrancière jusqu'au ridicule mais, à côté d'un Captain America Civil War, on n'est pas loin du chef d'œuvre.
Les raisons de l'affrontement entre nos deux figures de proue D.C. n'en reste pas moins capillotractée par un Lex Luthor gringalet sous les traits de Jesse Eisenberg (surtout face à nos deux héros) mais dans l'ensemble j'ai été plutôt séduit par les rares enjeux qui sous-tendent le récit (Métropolis la riche et lumineuse contre Gotham, sombre Sodome en perdition; mieux vaut prévenir que guérir; si nous pouvons, est-ce que nous devons ?). Si vous cherchez des réponses sur le rapport des hommes aux dieux, ce n'est pas le bon film mais pour autant, encore une fois, en se faisant très proche de l'esprit "apocalypse en approche" d'un méchant de shonen, j'y ai trouvé mon compte.

Selon pas mal de sources, cette version gomme bon nombre d'incohérences scénaristiques et de trous temporels. Je n'en ai vu qu'un : la scène en plein désert où Batben récupère la kryptonite. Je suis d'ailleurs revenu en arrière pensant avoir raté quelque chose, mais non. Si ce n'est cette partie, l'ensemble reste fluide et même si l'association Affleck/Snyder ne fait pas autant d'étincelles que celle de Bale/Nolan, le tout tient la route presque jusqu'à la fin.
Car il fallait bien qu'au delà de cette opposition, à la manière du MCU, on vienne placer quelques pions. Ainsi, pour préparer la suite et amener le Justice League, de brèves incursions nous présente le futur de la franchise. Flash, Aquaman et Cyborg font un clin d'œil et Wonder Woman prend un peu plus de place sur le tard pour conclure, dans la seule partie du film qui aurait pu être mise de côté.

Après Man Of Steel, ainsi se poursuit mon pèlerinage D.C. Comics, et deux films plus tard, je commence à me demander si on ne serait pas devant la version adulte du MCU. Zack Snyder a ses détracteurs et c'est compréhensible tant sa pâte est un parti pris visuel qui pourrait étouffer tout propos. Pour autant, sans être non plus un fan inconditionnel du réalisateur, j'y trouve quasiment à chaque fois mon compte et ce Batman v Superman : L'Aube de la Justice n'échappe pas à la règle.