Manche courte ou manche longue ?

L'Afrique était visiblement à la mode au milieu des années 2000 ! En 2005/2006 sont sortis "Blood Diamond", "The Constant Gardener" et "Lord of War". Tous les trois critiquent la manière dont les Occidentaux se partagent les richesse de ce continent, en profitant de la misère et de la guerre civile, et abordent des thèmes similaires (trafic, corruption, enfants soldats...).

A l'inverse de ses concurrents, "Blood Diamond" ne se cache pas d'avoir une approche blockbuster plus ou moins formatée. Le film nage ainsi entre deux eaux. D'un côté, un scénario engagé dénonçant l'exploitation des diamants de sang et la violence du la guerre civile au Sierra Leone, devant le regard dépité, impuissant... et parfois aussi complaisant des Occidentaux.

De l'autre, une trame somme toute classique. Un trio parcourt le pays ravagé avec chacun sa motivation. Leonardo DiCaprio, qui a adopté l'accent rhodésien pour l'occasion, incarne un mercenaire sans scrupule qui voit l'occasion de saisir un énorme diamant, et par la même de quitter enfin ce continent. Djimon Hounsou est convaincant en pêcheur malin et opprimé cherchant sa famille, mais son personnage est un peu cliché. Jennifer Connelly campe la caution morale du film, permettant au spectateur occidental de s'identifier à cette journaliste en quête de vérité. On y trouvera quelques dialogues un peu lourds, et une intrigue avec quelques moments pompiers.

Mais dans l'ensemble, "Blood Diamond" a le mérite de prendre son sujet à bras le corps, nous immergeant en permanence dans l'enfer de la guerre civile. Les scènes d'action sont efficaces, le rythme du film ne faiblit jamais, et la violence est rarement occultée (massacres gratuits, embrigadement des enfants soldats...).

A l'arrivée, le film d'Edward Zwick est donc un blockbuster largement plus engagé (et engageant) que la moyenne.