Pour son quatrième film Bob le Flambeur, Jean-Pierre Melville propose un récit inspiré du cinéma noir et policier américain, et nous raconte l'histoire de Bob, ancien truand repenti et dépendant du jeu, qui projette de cambrioler le casino de Deauville.
D'une grande richesse d'écriture et d'émotion, il met en scène une oeuvre teintée de mélancolie et mêlant habilement noirceur et même burlesque. Avant d'être un film de gangsters, malgré le fait que l'on soit bien dans l'ambiance du genre, entre malfrats, vapeurs d'alcool et fumées de cigarettes, c'est un récit humain, crépusculaire et amer. Dans une ambiance nocturne, il met en place une forte figure masculine capable de céder à la tentation d'une femme ou de s'oublier dans l'alcool, portrait passionnant et touchant.
Il étudie bien les relations existant entre lui et son protégé ou une jeune fille capable de sombrer dans la prostitution et fait baigner son oeuvre dans les illusions passés, présentes ou futur. La juste et puissante réalisation de Melville est soignée, le noir et blanc superbe et la photographie magnifique. Les interprétations sont remarquables, notamment Roger Duchesne dans le rôle titre, donnant une vraie profondeur à son personnage, ainsi qu'Isabelle Corey ou encore Guy Decomble.
Plus qu'un film de gangsters, c'est un récit humain, poétique et mélancolique que nous offre Melville avec Bob le Flambeur, servi par de superbes interprétations ainsi qu'une ambiance prenante, nocturne et tragique.