Une longue-vue, une femme dévêtue se trémoussant, un couloir suffocant, un étourdissant baiser, un cambriolage qui tourne mal, et Mélanie Griffith en cuir...


J'avais encore pas mal d'images en tête de ce thriller, vu il y a très très longtemps, et dont j'avais complètement perdu la trace jusqu'à me pencher sur la filmo de Brian De Palma qui, décidément, prend une place de plus en plus importante dans mon top cinéastes, et ce malgré quelques gros ratés...


Là où je suis tombé des nues, c'est que j'avais complètement oublié que le cultissime Relax de Frankie Goes to Hollywood venait de ce film, et ce d'autant plus que la scène se conclue par un transfert nécrophile d'une puissance absolue qui aurait dû me marquer... Refoulement du jeune puceau que j'étais à l'époque, mon cher Freud ? Quoi qu'il en soit, Body Double ne fait pas dans la demi-mesure, peut-être un peu plus dans la dentelle, mais seulement pour des questions d'ordre esthétique... Le film trempe dans le voyeurisme et le porno, dans la violence à petite dose, pas mal dans les tétés, dans la manipulation à tous les étages (réalisateur compris), mais surtout dans le kitsch...


Et pour cela, il y a d'abord Craig Wasson, acteur à la nuque longue comme les autres, ici excellent, mais dont je ne me rappelle pas un seul autre rôle... Ce dernier incarne un acteur de séries Z en difficulté pour cause de claustrophobie, et qui rentrant plus tôt chez sa femme la surprend en pleine extase chevauchant son amant... Et au détour d'auditions, Jack (c'est son prénom) rencontrera un collègue lui proposant - au détour d'un whisky réconfortant - une piaule pour la semaine... Mais pas n'importe quelle piaule ! La piaule kitsch 5 étoiles du parfait petit voyeur écolo en mode panoramique ! Et Jack finira par tomber complètement dingue (et on le comprend), jusqu'au fétichisme, de la voisine sur laquelle son ami l'a orienté...


Et c'est là que la magie commence à opérer. Sa découverte du show de la belle, aux notes d'une sublime bande-son très 80's des plus sensuelles, m'a définitivement rappelé à quel point ce film m'avait marqué. Frissons garantis ! Et ça ne sera pas la dernière fois (cf l'intro). Et puis, il y a le génie des cadrages du réalisateur au cours notamment d'une filature en plans larges aussi mystérieuse que fascinante, et d'un esthétisme redoutable. Et tout le film sera comme ça, avec pas mal d'idées ingénieuses.


Après, il y a aussi quelques approximations selon moi, notamment lors de la scène du cambriolage, par ailleurs sidérante et pleine de suspense - le coup de la prise, c'est du pur génie ! Et puis bon, l'indien quoi ! On la voit quand même venir de très très loin la supercherie... Tout comme je me demande encore si le flashback était vraiment nécessaire ? Mais comme je l'ai lu ailleurs, Brian De Palma serait un petit coquin qui s'amuserait avec les codes du genre, comme au cours d'un final aussi génial que ridicule, sorte de parodie ultime de ce cinéma. Alors pourquoi pas...


Quant aux clins d'oeil évidents au cinéma de Sir Alfred Hitchcock, d'autres en ont déjà très bien parlé ailleurs... Alors pour ma part, je me contenterai de conclure en disant que Body Double fait désormais partie de mes thrillers préférés, et ce en partie parce qu'il jongle parfaitement avec toute une flopée de thèmes psychanalytiques passionnants, servis par une réalisation virtuose et pas banale. Sans oublier les magnifiques yeux clairs de Deborah Shelton.

RimbaudWarrior

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8

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