J'apprécie rarement les remakes. Ils sont généralement très superficiels et ont un contenu qui laisse à désirer. C'est bien le cas de Ca, sorti en 2017.
Je suis frappé par la bêtise du "convenu" hollywoodien en matière de films d'horreur. Effectivement, on démarre très fort avec forcément "une maison plongée dans le noir sous la pluie" (l’électricité est en option?), le père qui joue une musique au piano pas très rassurante et "le petit garçon qui doit aller tout seul à la cave chercher un truc". Tout est fait pour être cliché, avec de grosses pancartes "ATTENTION, C'EST UN FILM D'HORREUR!" - noir+cave étant, je ne sais pour quelle raison, une recette très prisée dans l'épouvante.
Les plans sont affreusement larges, les personnages étant perçus comme très lointains et l'histoire encore plus. Impossible de se mettre dans l'ambiance de ce commencement, de cette maison et gens qui y habitent.
La tronche du "grand méchant" est elle aussi stéréotypée. Quant à sa voix, je ne sais pas si le doubleur est en cause mais c'est indéniablement raté. Or, c'est l'un des éléments les plus important (cette voix décalée, à la fois légèrement drôle et effrayante, sa diction) dans ce personnage. C'est pourquoi je préférais le clown originel du premier Ca, car il inspirait à la fois le sourire et l'effroi.
PS: difficile de croire, vu l'épouvantable navet qu'on nous présente, qu'une association (la World Clown Association) ait pu accuser Andres Muschietti (scénariste-réalisateur argentin) de porter atteinte à l'image des professionnels du milieu - le seul préjudice étant, finalement, causé au monde du cinéma à dégoûter les gens en écrivant des fictions de merde sur un bout de PQ lors des pauses caca.
Il n'y a hélas aucun suspense à propos de ce qu'il fait à ses victimes (9mn environ), tout est déjà montré et ce plus ou moins en détail! Justement le truc qu'on se doit de découvrir (sinon inutile de regarder) et qu'on nous lâche directement...je m'inquiète pour la suite parce qu'il reste...à peu près 2h15, soit plus des 90% du film...
Tout cela est accompagné d'un magnifique saut temporel...Etait-on dans le passé pour être maintenant dans l'avenir ou inversement? Aucun signe distinctif pour en être sûr, en plus des sauts spatiaux et changements soudains de perso. Une méthode parfaite pour perdre le spectateur.
L'histoire préfère, je ne saurais dire pourquoi, s'orienter vers des conflits d'ados et discussions stupides - dans ce qui pourrait être une très mauvaise tentative de donner une profondeur à un récit qui n'en a en fait pas. L'idée de l'étayer serait intéressante à condition qu'elle serve véritablement le sujet initial au lieu de nous en éloigner davantage.
D'un autre côté, le scénario tente difficilement de faire un lien entre tous ces gosses - de milieux très différents pour faire toujours plus cliché (avec en prime un "noir" et un "juif" pour ne pas que Ca soit accusé de racisme, foutue loi américaine à la con, on se moque de la couleur des acteurs ou de leurs origines!). De plus, les apparitions flippantes commencent à prendre de l'ampleur - on ne sait pas pourquoi ni quel lien elles ont avec lesdits gamins en question, l'explication a l'air plus secondaire qu'autre chose.
Inexpliquablement, tous les protagonistes se retrouvent...dans les égouts. Les uns "parce que c'est trop marrant d'aller les explorer", les autres à cause de la persécution d'un de leur camarade. Il n'en était nullement besoin parce que la créature frappe visiblement dans tous les lieux isolés du grand public, alors pas besoin de les réunir...qui plus est dans l'antre de la bête!
Au passage...quelqu'un a-t-il réellement peur dans le public qui regarde? J'en doute. Pour ce faire, on devrait avoir un récit stable et non ultra coupé, des personnages identifiables et non des "produits cinématographiques", une logique et des faits justifiant pas à pas le pourquoi du comment. En somme tout ce qui ne se trouve pas dans le film. Il est maintes fois essayé de produire un sentiment de frayeur via des jumpscares mais sans effet aucun.
Cette "découverte de l'adolescence" (le corps, les filles et tout ça), traînée comme un boulet, est particulièrement exaspérente - d'autant qu'elle entrecoupe l'histoire et lui donne un côté ridicule. Que fait le méchant en attendant? Il tue? Il espionne des enfants dans un coin obscur? ...il joue aux cartes? Mystère absolu, on ne sait pas pourquoi il se manifeste un temps violemment et à plusieurs endroits à la fois puis s'évanouit ensuite.
"Ils ont fait des études et, dans cette ville [j'sais plus son nom, peu importe on s'en fout], les gens meurent six fois plus que dans le reste du pays". Bien sûr, ce genre de détail "anodin" a échappé à des corporations entières (police, FBI et compagnie) mais pas à un gamin habitant dans un trou paumé. Logique...A croire que les agents fédéraux/de police ne font que se branler à leur bureau...
Le public se voit raconter, au bout d'une heure environ (47 mn plus précisément), une fable grotesque comme quoi les fondateurs de la ville auraient été décimés non par une maladie ou les indiens...sous-entendu une "force maléfique" - avec des gros plans sur des illustrations "d'époque" et "le visage du monstre" (un scénar plus balisé y'en a pas). Une putain d'heure de merde pour en arriver là? On prend vraiment les spectateurs pour des connards, à produire en série ces merdes formatées.
Calcul bête et méchant, le film - enfin le coeur du sujet - est donc balayé en une heure si on épure ce contenu parfaitement superflu. CQFD.
Au fait, comment choisit-il les personnes à tuer, ce fameux "clown"? Aucune idée, ça m'a l'air aléatoire au possible. Tout comme les visions qui jalonnent Ca.
Il y a pas mal de passages à vide ou sans intérêt. Sans parler des musiques inapropriées (1h06) qui foutent en l'air tout espoir d'avoir un vrai long métrage d'horreur, d'installer la peur. Je n'aurais jamais à l'esprit, par exemple, de mettre...du rock à la suite d'une scène où la créature nargue le groupe de jeunes avec un bras déchiqueté, sous fond de bataille entre bande d'ados...Non là vraiment...
On se tape un tas de jumpscares et de symbolisme à la noix qui tentent de remplacer le scénario et ça ne marche évidemment pas parce que rien ne saurait se substituer à une suite logique d'évènements (avec un début et une fin). Tout tient avec de grosses ficelles - si voyantes que même un maternelle serait plus créatif.
La tactique employée par le groupe est...d'aller directement se confronter à la créature, autrement dit un suicide. Alors quel intérêt de se documenter?
Ce qui suit est prévisiblement et caricatural au possible - autant les scènes que le clown, ses propos ou tactiques. On dirait que le but du méchant est bien plus d'effrayer ses victimes que de les tuer, d'où toutes ces intimidations à deux balles traduites par des vagues de mirages et jumpscares à n'en plus finir.
Couper de nombreuses fois l'action en cours par des évènements banals, des discussions inutiles et blagues stupides - autrement dit entraver le cours de la trame - ne fait que renforcer le sentiment que j'éprouve en tant que spectateur d'être pris pour un pigeon. Apparemment, l'auteur ne l'a pas compris et en rajoute, jusqu'à la nausée - l’objectif étant, au vu du contenu, de faire un film de deux heures.
La dernière demi-heure se passe de commentaires, indescriptible et psychédélique au dernier degré. Deux heures quinze d'étrons visuels standardisés agrémentés d'effets psychologiques, c'est tout ce que je retiendrai de Ca . Dommage qu'on ne puisse pas mettre 0 à cette œuvre - qui ne mérite même pas ce qualificatif.
Le second volet, Ca, chapitre 2, sera très certainement du même tonneau.
PS: merci aux traducteurs pour cette immense faute de français dans le titre - mettre un ç majuscule qui n'existe pas dans notre langue. On est pas cons au point de ne pas comprendre ce qu'un mot signifie.