Çans merci !
Ça, par exemple… une saga horrifique qui marche aussi bien au ciné et qui provoque autant de hype, je n’imaginais pas connaître cela (on va éviter de mettre trop de « ça » pour des raisons évidentes)...
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le 12 sept. 2019
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Le premier Ca d'Andy Muschietti était un joli petit film fantastique; deuxième réalisation de l'artiste, il suivait le controversé Mama de quelques années, et allait marquer l'imaginaire du public au fer rouge. Rendu passionnant par son ambiance réussie et ses jeunes acteurs rivalisant de personnalité comme de talent, il laissait présager du tout bon pour la seconde partie de sa très longue histoire.
Sorti dans ce cadre, avec les ajouts de James McAvoy, Jessica Chastain et Bill Hader en remplacement des acteurs les plus talentueux du premier, ce second chapitre pâtissait déjà de la réputation de son prédécesseur : face à la déception d'un public en quête de bondissements successifs, amateurs de jumpscares à la Annabelle et de musiques pétrifiantes de chez Conjuring, bien faire ce prolongement de 2h45 nécessitait de mettre l'accent sur ses propres ressorts horrifiques, de se rendre plus grand public pour toucher, à l'issu, un plus grand nombre de cibles et rendre toujours plus populaire le travail de Muschietti.
Cet essai mis au point, on regrette très rapidement la finesse (certes relative) du premier; c'est notamment par son ambiance glauque, son atmosphère enfantine torturée, sa photographie très jolie qu'il parvenait à poser ce qu'on pourrait qualifier de délire fantastico-macabre, avec plus ou moins de réussite suivant la qualité des scènes et la présence des rares screamers retrouvables dans sa longue durée.
Moins précis sur sa photographie, Muschietti délaisse un peu l'atmosphère du premier pour poser des jumpscares récurrents qu'on prévoit trop souvent, leur côté prévisible démontrant parfaitement le peu d'entrain dont il a fait preuve pour les y placer. Amplement plus efficace lorsqu'il s'agit de préparer la montée terrifiante d'une scène plutôt que d'en balancer sa chute, il nous gratifie de superbes moments d'attente, d'appréhension, avant de les faire redescendre comme un pétard mouillé par des screamers efficaces par leur sono, mais jamais suffisamment originaux pour qu'on se sente mal à l'aise, perdus dans cette histoire ultraviolente et glauque.
Plus simple que le premier, ce second chapitre perd une part de son temps à faire sursauter plutôt qu'à terrifier; en témoigne cette fantastique séquence du parc d'attraction durant laquelle Muschietti fait preuve d'une maîtrise affolante de ces miroirs qu'il filme de manière renversante, jouant parfaitement avec le placement de ses acteurs, la symétrie des reflets, l'aménagement de cette pièce qui nous perd autant qu'elle détruira les espoirs de McAvoy, superbe en Bill et, contrairement à sa performance dans le décevant Glass, très fin dans son acting, ses émotions, son jeu de bégaiement.
De son esthétique en demi-teinte, retenons une photographie plus classique : moins chaude, plus proche du bleuté, du gris noir, elle suit une certaine linéarité fatale à l'oeuvre, alors qu'elle affiche de très jolis moments qui restent en tête au sortir de la salle, pourtant égarés tout du long dans ce tout numérique informe et envahissant. Comment réussir à rendre glauque la séquence de l'ancien appartement du père si c'est pour balancer, à moitié de durée, de gros effets spéciaux bien baveux qui prennent une place trop importante à l'écran, couvrant, à chacune de leur apparition, les trois quarts du cadre?
Comment avoir seulement peur d'un Grippe-sou encore plus numérisé que dans le volet précédent, où Bill Skarsgaard, certes toujours habité par son rôle, tentera de compenser ses trop nombreuses modifications faciales et corporelles? Incapable de reproduire le gros du malaise original, il se perd donc dans ces fameux screamers prévisibles et lassants, à peine assez présents pour empêcher de trouver le temps long, voir de s'y ennuyer.
Paradoxalement, il manque de folie : s'il est visuellement trop linéaire, il l'est également en ce qui concerne son écriture, qui se contente d'enchaîner les retours dans le passé couplé à un présent incertain, en nous proposant plusieurs séquences où la caméra suivra chaque personnage dans leurs actions. Ainsi, la reprise de contact des anciens Loosers, magnifiquement portée par la scène de la baignoire (jolie référence à Freddy Krueger) et du départ de Jessica Chastain, suit une logique de cas-par-cas trop (pré)visible pour qu'on puisse s'immerger dans l'intrigue, la suivre avec passion.
Cela, il le reproduit aussi avec leur retour en ville, où chaque personnage, dans des scènes couplées à des agressions de quand ils étaient plus jeunes, suivra un modèle précis de montée dans l'horreur construite en deux temps et en miroir, avec une attaque de grippe-sou toujours montée pareil et sans grande inventivité, forcément en lien avec celle d'il y 27 ans, et de fait moins effrayantes quand on comprend, dès la première répétition de ce modèle peu original, que les personnages ne craignent finalement rien puisqu'ils sont toujours en vie et qu'il faut les préserver pour la rencontre finale.
Quelle utilité de reproduire des séquences jamais vues dans l'original, des séquences de tension donc, si l'on sait, par la seule narration du film, que toutes les attaques du clown se solderont par l'échappatoire du personnage jeune? Quel intérêt de gagner plus d'une demi-heure de film en se livrant à des retours en arrière sans grande surprise, tous gâchés par des jumpscares prévisibles et des personnages qui ont tous survécu à l'original?
Alors on en vient à s'ennuyer, à se taper la paume de la main sur le front en apercevant le retour narrativement inutile du fracassé de la première partie, Teach Grant en plein surjeu dans le rôle d'un Henry venu attaquer tous les personnages à grands renforts de couteaux et de sourires sataniques, mêlant incohérences (son arrivée dans la salle de bain) et grotesque (le couteau qu'il plante alors dans la joue et ce qu'il s'ensuit, sans rythme ni jeu d'acteurs convaincant, achève de faire rire dans un passage censé être, par définition, choquant).
Pas même utile dans le sens où la conclusion de son arc retombera sur une blague, confirmant une idée qui trotte depuis le début : ce second chapitre, visiblement désireux de reproduire la recette du premier et de suivre les pas, par l'exagération, des grands succès public actuels, tombe dans un humour permanent et lourd, qui s'il fera souvent mouche, n'empêchera pas le spectateur de se désintéresser du peu de frissons et de macabre qu'il pouvait y trouver.
Finalement plus proche de la comédie fantastique que du long-métrage horrifique à l'esthétique Stephen King, ce second chapitre perpétue le travail du premier en approfondissant ses traits caricaturaux, nous présentant des personnages ayant finalement peu évolué, d'une Beverly toujours torturée à l’immature (mais adorable) Ritchie Tozier.
Oeuvre en dents de scie, Ca, chapitre 2 partait d'un bon potentiel en s'inspirant judicieusement de l'esthétique du Shining de Kubrick (dont le point d'orgue est un hommage surprenant) et du procédé des meurtres du Nightmare on Elm Street de Wes Craven, dont il cite un épisode en fin de pellicule, comme pour te dire "Je ne pique pas, j'emprunte à mes idoles". Reste qu'il manque de personnalité pour véritablement marquer, s'inscrivant dans un des problèmes majeurs du cinéma des années 2010 (qu'on retrouve aussi en série) : l'hommage vibrant aux icônes des années 80 présent comme pour dissimuler le manque d'ambition et d'originalité de l'oeuvre, voir du cinéma grand public en général.
C'est sympathique mais peu trépidant, divertissant comme un blockbuster construit en manège des sursauts plutôt qu'en tant que film d'épouvante posé sur son atmosphère inquiétante, et son clown malsain. Ca ne fera pas date, mais devrait plaire à défaut de terrifier, comme les bande-annonces le laissaient injustement penser. Mais ne vous y méprenez pas, ce n'est pas un film d'horreur : attendez-vous à une comédie d'action/fantastique à screamers.
On aura connu période plus faste pour les adaptations réussies de Stephen King.
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Créée
le 15 sept. 2019
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