Je me suis lancé dans un challenge duquel je pourrais ne pas revenir vivant. Certains pensent que je risque l'overdose. D'autres que je vais probablement ensuite voir la vie avec un filtre Marvel. Que je vais voir partout dans la rue des méchants écrits sur une feuille de PQ et que je verrai en levant les yeux divers portails inter-dimensionnels. Pire encore, que mes proches morts vont revenir à la vie. A vous tous, je vous dis que vous avez tort. Ou du moins, que je l'espère.


Plus sérieusement, l'idée est de revenir à froid sur 10 ans et 18 films qui ont, plus pour le pire que pour le meilleur, révolutionné le genre du blockbuster, et de les revoir aujourd'hui pour savoir s'ils ont survécu à l'épreuve du temps.


Aujourd'hui : The Winter Soldier.


J'ai l'impression que ce que j'ai pu dire pour IM3 pourrait être réécrit ici.


C'est encore une fois un film qui réussissait un quasi sans-faute avant de se saboter lui-même avec son méchant.


Winter Soldier est un film de SF intelligent. Encore plus aujourd'hui où je revois ce film alors que Zuckerberg est devant le Sénat. Il n'est pas seulement intelligent dans son propos, il est surtout d'une subtilité et d'une retenue très rares dans le genre du blockbuster.


C'est aussi un film d'action assez époustouflant. Il n'y a pas une seule scène d'action ratée, et je les trouve toutes, sans exception, merveilleuses. Elles sont aussi bien découpées que chorégraphiées. Les Russo magnifient le style Greengrass qui a pollué tout le cinéma d'action US après la trilogie Bourne (coeur coeur coeur) et font de WS un des tous meilleurs films d'action des années 2000. C'est nerveux, c'est viscéral, c'est violent. On ressent tous les coups, toutes leurs douleurs. C'est ultra-cut et pourtant il n'y a rien de plus lisible que ces scènes d'action. On comprend constamment ce qu'on regarde, où on est par rapport à où, où on va, etc. Chaque scène d'action est un modèle du genre.


Petit aparté. Je trouve très drôle qu'on dise que RPO est rafraichissant pour sa lisibilité (alors que la seule scène d'action vraiment impressionnante et lisible est balancée après 5 minutes de film) face au modèle Marvel alors que WS est sorti il y a déjà 5 ans. Mais bon, je ferais mieux d'arrêter avec RPO.


Et enfin, WS est un film d'espionnage honnête, très bien rythmé, très divertissant, et plutôt pas mal. Encore une fois, dans ce que le film raconte sur son monde, son gouvernement et donc, son pays, il est extrêmement intelligent, et j'ai toujours trouvé le film génial notamment pour ce point.


Mais voilà. Marvel ne veut pas réussir de film à 100%. Il ne faudrait pas faire un grand film, voire même qui sait, un chef d'oeuvre, par accident hein. Qui sait ce qui pourrait arriver !


Parce que voilà, je pense que sans l'HYDRA et ce méchant ridicule, le film aurait pu devenir un incontournable aujourd'hui, et aurait pu marquer un tournant dans l'histoire du film d'action US comme Matrix avant lui. Comme Matrix, WS jongle avec les genres avec intelligence. Comme Matrix, WS magnifie un style d'action et réinvente ce genre.


Mais non. Il fallait mettre l'HYDRA.


Même si l'idée d'avoir l'HYDRA au sein du SHIELD est à la base plutôt bonne, le film la tourne au ridicule après moins de 5 secondes. Il y a d'abord ce montage atroce et Zola, et puis, l'HYDRA qui est au sein même du gouvernement, qui contrôle carrément le SHIELD, et j'en passe.


Tout à coup, le film est devenu cartoonesque alors qu'il reste aujourd'hui l'un des plus sérieux, adultes, et noirs du MCU, et même son humour est intelligemment dosé et il ne rate presque pas.


Ce côté cartoonesque se retrouve dans le personnage de Robert Redford, aussi caricatural qu'il est énervant, et alors que Marvel tenait l'occasion d'avoir à nouveau un méchant ambigu après Loki en la personne de Bucky, ils ont décidé de faire de Pierce le méchant. Pourquoi est-il méchant ? Parce que. Que veut-il ? Purger le monde. Parce que c'est un nazi. On est passé d'un film qui passe quasi 30 minutes à enchainer les dialogues qui posent une réflexion sur notre monde aujourd'hui et sur le Gvt US à ça. Putain, ça fait mal au cul.


Et on en ressort avec le même dégout que pour IM3. Les défauts sont bien plus importants que les qualités alors qu'ils sont beaucoup moins nombreux et chaque fois qu'on pense au nombre incalculable de choses que le film fait de bien, on a un Hail HYDRA qui résonne dans notre tête. On a cet arrière-gout dans la bouche de film qui passe tout son temps à parler de l'HYDRA alors qu'il aurait pu trouver en Bucky un méchant en or et offrir à cette trilogie une logique et une continuité encore plus importantes. Puisque oui, dans Civil War, Bucky reste, mais l'HYDRA n'est plus.


J'ai très hâte de voir un jour le film d'action que les Russo réaliseront sans Marvel. Ca risque d'être assez jouissif.

WallydBecharef
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le 11 avr. 2018

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Wallyd Becharef

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