Marvel Studio est décidément une machine bien huilée qui a su parfaitement ferrer le spectateur benêt que je suis dans une série au long cours où les membres de l'équipe des vengeurs se doivent d'avoir leurs aventures complémentaires à celle de leur club super-héroïque. Deux - trois films Marvel par an ? Pas de problème, je crache au bassinet sans broncher. Après m'être diverti devant Thor : The Dark World, passons à la suite des aventures de Captain America face au fameux soldat de l'hiver...
Alors, Captain America : the Winter Soldier est certes bourré de bonnes idées et d'intentions louables dans la mutation progressive de l'univers cinématographique Marvel étendu, pas trop manchot dans son scénario d'espionnage et d'infiltration qui résonne bien avec les angoisses sourdes de notre époque (merci Snowden) et parvient à surprendre, souvent juste - parfois touchant - dans le portrait de Steve Rodgers (incarné par un Chris Evan efficace) au destin de fait tragique... Mais il souffre quand même - pour reprendre l'expression de @Ico - de son côté passe-plat. Il est même doublement passe-plat puisque d'une part le cœur de l'intrigue, en raccord avec le premier opus, est reporté à une éventuelle suite, et que d'autre part l'hisoire évoque une sous péripétie nécessaire à l'univers étendu Marvel qui se retrouve sacrément amoché dans ses fondations, certainement pour préparer le terrain à The Avengers: Age of Ultron.
Le plus dommageable au final avec Captain America : The Winter Soldier, c'est son cruel manque de personnalité artistique. La réalisation brouillonne des Russo souffre de la comparaison avec ce qu'a pu faire Shane Black avec Iron Man 3. Les bastons / gunfights sont affreusement mal filmées (les poursuites s'en sortent mieux et il se peut que la 3D ait exagérée ma perception négative de la chose), on peine à suivre les chorégraphies des cascades - et ce n'est pas parce que l'humour marvelien est en retrait dans cet opus que le film parvient à acquérir une réelle noirceur, pourtant clairement recherchée, ne serait-ce que via une photographie sombre qui a abusé du filtre gris.
Pour conclure, Captain America : The Winter Soldier est un film qui ne satisfera qu'un genre de population : les fans de l'univers ciné Marvel. Pour les autres, j'ai peur qu'ils n'y trouvent pas leur compte.
Note de bas de page : J'ai parlé d'un scénario pas trop manchot, attention quand même, on reste dans un film Marvel, l'intrigue se doit d'être limpide pour tous, ça nivelle forcément par le bas niveau complexité, que ce soit dans les références à l'univers comics ou les retournements de situations.
------- SEMI SPOILERS ---------
Toujours dans la logique d'univers étendu, les conséquences de ce film m'obligent à me remettre à la série Agents of S.H.I.E.L.D. qui se contentait jusque là de pauvres références et guests de seconde zone. Là, vu le bordel à la maison mère, Joss Whedon a intérêt de prouver qu'il a vraiment une vision d'ensemble. Série comprise.
------ SPOILER ANECDOTIQUE -------
Certes, l'humour Marvelien est en retrait, mais la France est elle bénie d'une scène puissamment comique (si visionnage VO) où des terroristes "franco-algériens" échangent dans un dialogue francophone surréaliste (certaines phrases ne veulent rien dire. Du tout), où les accents québécois et non identifiés se mélangent joyeusement... Quelle poilade ! La salle était pliée en deux. Thanks Hollywood !