À l'heure où les adaptations ciné de comics ressemblent plus à des batailles sociales qu'à autre chose, voici enfin la première super-héroïne estampillée Marvel sur grand écran. DC avait réussi son coup faussement féministe avec Wonder Woman, il fallait bien que son concurrent direct en fasse de même. Ici, point de féminisme à l'horizon mais une héroïne censément badass, peu souriante et prête à en découdre avec les méchants. Le scénario s'avère moins manichéen que d'ordinaire, mélangeant flashbacks et allers-retours entre l'espace et la Terre des années 90.
Et si les parties spatiales sont en soi sympathiques, celles sur la planète bleue sont classiques au possible, avec deux références à l'époque et des musiques placées au forceps du style "Come As You Are" de Nirvana ou "Just a Girl" de No Doubt. Car malheureusement, le long-métrage n'apportera rien au genre, ni dans ses scènes d'action ni dans le traitement de ses personnages. Certains sont sympathiques, notamment Ben Mendelsohn en extra-terrestre polymorphe, d'autres sont agaçants, en particulier un Samuel L. Jackson numériquement rajeuni (le résultat est bluffant) qui devient ici le sidekick black rigolo du film.
On est loin du Nick Fury menaçant que l'on connait et ce ne sera pas le film qui nous fera comprendre comment il a pu changer de caractère. Brie Larson, elle qui tient pourtant le rôle-titre, n'arrive pas à insuffler ce qu'il faut de prestance pour tenir la cadence et son personnage devient très rapidement irritable. On regrettera donc principalement un clair manque d'ambition, aussi dans la mise en scène anecdotique que dans le sujet traité, Captain Marvel étant tout au plus un épisode filler avant l'apothéose Avengers : Endgame.