En 1950, huit années de « compilations » séparaient Cendrillon du dernier long-métrage d’animation Disney, Bambi : avec la Princesse au pantoufle de verre, le studio aux grandes oreilles renouaient donc avec la revisite de conte (ici, Perrault), un exercice invoquant un soupçon d’originalité au profit d’un cadre conventionnel.
S’inscrivant dans la lignée de leur reprise de Blanche-Neige, ce long-métrage brille davantage de par son classicisme exacerbé et ses ressemblances avec cette dernière : un état de fait lié à la situation financière délicate du studio, bien décidé à jouer la sécurité au moyen d’une recette ayant déjà fait ses preuves.
Seulement voilà : en empruntant de la sorte à son homologue, Cendrillon limite sa propre dimension originale, si ce n’est magique. Suspendu à d’immanquables redites (personnalité de la bougresse, les bestioles parlantes mettant la main à la pâte etc.), le film du trio Geromini/Luske/Jackson se résume ainsi à un petit divertissement gentillet, dont la propension simpliste et enfantine le réservera à un public exclusivement jeune.
Qui plus est, avec un humour et des rebondissements en berne, sa linéarité manque de peu d’éclipser au passage ses points forts, à commencer par un graphisme ne payant pas de mine : probablement refroidi par l’absence complète d’audace dont fait preuve l’intrigue, on en oublierait presque que Cendrillon arborait des effets spéciaux novateurs à l’époque, preuve en est d’une qualité formelle indéniable... quand bien même on retiendrait davantage l’envergure désuète de ses chansons.
Assurément pas le plus mémorable des classiques d’animation Disney, même si l’on pourrait renverser son propos enchanteur au profit d’une vision plus douteuse : car après tout, sans magie, pas de coup de foudre, non ? Si la culpabilité de Marraine la Bonne Fée ne fait aucun doute, n’oublions pas que Cendrillon pouvait déjà parler aux animaux, voire même leur conférer ce pouvoir de parole (rappelez-vous donc, Gus abandonne l’état sauvage à son contact), marque de fabrique de tout adepte de magie noire... ou blanche, pourquoi pas.
Le film tentera bien de nous duper en attribuant le chat maléfique (abandonné à une mort certaine des suites de sa chute) à l’odieuse Lady Trémaine, maman de deux affreuses pestes, et si ces trois semblaient donc être un trio de sorcières tout désigné, ne pourrait-il pas s’agir d’un satané traquenard ? Trop tard, le cœur de l’autre dandy et les clés du royaume sont tombés entre les mains de Cendrillon, mais je ne suis pas dupe petite diablesse...
Prochain arrêt : Alice au Pays des Merveilles.