Oscar se cherche. Témoin d’un crime homophobe dans son enfance, bouleversé par le divorce de son père et sa mère et ado pas encore à l’aise avec sa sexualité, Oscar se cherche, se découvre peu à peu, par petits bouts, en quête d’une identité qu’il a du mal à définir (et même à vivre, tous les jours). Il y a quelque chose qui le travaille, Oscar, quelque chose qui grandit, qui le gêne en lui. Des sentiments. Des questions. Ses démons. Et puis quand il rencontre Wilder à ce magasin où il effectue un job d’été, les choses vont se chambouler un peu plus encore. Ange filiforme à bouclettes blondes et regard doux, Wilder va susciter chez Oscar un désir soudain de savoir qui il est vraiment (et puis un désir tout court aussi, plus direct et plus physique).
Entre hier et à présent, envies et frustrations, rêves et certitudes (quelle est la part de réel de cet étrange final, de cette maison posée là, seule au bord de l’océan ?), Oscar affronte comme il peut le chaos de son enfance altérant aujourd’hui sa vision du monde (il a pour confident un hamster doué de parole), brouillant ses repères et déréglant ses rapports aux autres. Ce chaos qu’il doit exorciser, parvenir à extraire de lui (littéralement) pour enfin exister, être celui qu’il aurait dû être. Belle leçon d’émancipation, pop et colorée (et un peu gore à la fin), qui passerait obligatoirement par une désillusion affective (surtout par rapport à ses parents), un ancrage plus abrupt à la réalité et l’acceptation de son homosexualité.
Closet monster accumule petites et grandes manières (bande-son éclectique, ralentis stylés, éclats fluos et adolescence tourmentée…) des filmographies de Xavier Dolan et Gregg Araki (Mysterious skin en particulier). Si la mise en scène de Stephen Dunn fait montre d’une certaine fluidité et élégance (la scène du baiser, superbe), elle souffre malgré tout de ces filiations très marquées (dont Aliocha Schneider, interprète de Wilder et petit frère de Niels Schneider, objet de convoitise chez Dolan dans Les amours imaginaires) qui scintillent en permanence, clament leur évidence à chaque nouveau plan. Certes, Dunn sait y faire, mais fait dans l’œuvre de faussaire.
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