Nouvelle victime de la pandémie mondiale, Comment je suis devenu super-héros s’est vu retiré de la programmation dans les salles pour une diffusion plus anonyme sur les plateformes de streaming, ici c’est Netflix qui a acquis les droits de ce film pas comme les autres d’autant plus pour le cinéma français. En effet, c’est l’un des rares à traiter le sujet des super-héros sur la scène hexagonale. Le film s’appuie sur un postulat initial intéressant qui porte un regard qui diffère notamment des blockbusters hollywoodiens de ces dernières années. Il s’agit aussi du premier film de son réalisateur, Douglas Attal, après deux courts-métrages et qui vient confirmer au passage l’arrivée de cette nouvelle génération de metteurs en scène locaux qui entrent dans cette volonté d’offrir de nouvelles propositions. Beaucoup de films sortis ces dernières semaines sont dans cette mouvance, une prise de risque à féliciter à défaut d’avoir des résultats finaux pas toujours des plus réussis. Il faut savoir que le réalisateur s’est aussi impliqué dans l’écriture et nous convainc dans les premières minutes intrigantes en posant les bases de son histoire dans un Paris où certaines personnes vivent avec des super-pouvoirs parmi la société. Loin des Marvel ou autres DC, la prise de position est ici plus posée et moins dans le spectaculaire, le film adopte un point de vue plutôt intéressant qui augure du meilleur pour la suite en donnant un côté plus « réaliste » à un sujet fantastique. Malheureusement, le long-métrage ne se donne pas la peine de creuser davantage son univers et se contente uniquement de nous plonger dans une enquête policière dans laquelle un complot assez prévisible se cache derrière des évènements tragiques. Pio Marmaï interprète cet enquêteur, spécialiste de l’univers des super-héros. Il incarne un homme solitaire au passé mystérieux, un peu geek sur les bords, bref son traitement n’a rien de novateur, on touche même à la caricature. Il se voit accompagner d’une partenaire pour mener à bien son enquête. Là encore leurs rapports n’ont rien d’étonnant et sentent le déjà-vu. Le jeu des acteurs n’est pas à remettre en cause, dans l’ensemble ils font le boulot. Il faut dire que le casting est incroyable pour ce type de films avec Leïla Bekhti, Clovis Cornillac ou encore Benoit Poelvoorde. Pour le coup, la présence de ces acteurs peut surprendre par leur prise de risque, il faut dire que pour la plupart d’entre eux, on a plus l’habitude de les voir dans le registre de la comédie et leur prestation n’a rien de risible. Cependant, on pourra se montrer moins positif en ce qui concerne l’antagoniste de l’histoire, l’acteur qui le joue en fait des caisses, en résulte finalement plus de ridicule avec une écriture facile qui ne le met clairement pas en valeur. Après une introduction intéressante, le film tourne clairement en rond donnant ce sentiment qu’il ne sait pas trop quoi raconter. Adoptant pourtant le roman du même nom, on aurait pu s’attendre à une histoire plus consistante mais c’est loin d’être le cas. C’est au contraire le vide qui fait acte de présence, le film enchaîne les scènes insipides malgré quelques éclats mais ce n’est pas suffisant pour maintenir notre enthousiasme. C’est même l’ennui qui pointe le bout de son nez. C’est vraiment dommage car ce film pouvait proposer tellement mieux mais décide de rester focalisé sur son enquête qui nous mènera à un retournement de situation qui permettra de finaliser son intrigue. Une conclusion traitée de manière hâtive et remplie de bons sentiments lourdauds qui ne rattrape en rien le reste du métrage. Encore une fois, c’est la déception qui prédomine. Comment je suis devenu super-héros propose finalement un schéma plus classique dans ce qu’il raconte, alors qu’il pouvait être un film plus étonnant. Il tombera malheureusement assez vite dans l’anonymat tant il faut preuve de trop grandes facilités scénaristiques. Il faut tout de même lui reconnaitre une caméra plutôt efficace qui s’appuie beaucoup sur un choix de couleurs varié pour valoriser certains passages. Il faut bien cela pour combler le classique de certains décors et l’utilisation d’effets visuels loin d’être géniaux. Ce n’est pas la claque attendue globalement et le film ne marquera pas de son empreinte le cinéma estival. Il ne parvient pas non plus à se monter assez divertissant, le spectateur passera vite à autre chose à la sortie du visionnage. Si on apprécie le pari de ce projet, il est dommage que le film ne se montre pas aussi audacieux dans ce qu’il propose.