Ah ! L'hexagone ! Ce pays qui bisque dès qu'un film ricain-pas-bien braque son box office. Il fallait donc bien, un jour, que la France livre un film de super-héros en forme de réponse au vilain Marvel, histoire de tailler quelques croupières à la multinationale étrangère qui truste les écrans de ses salles obscures et répand cette sale sous-culture actuelle.


Cela s'appellera donc Comment Je Suis Devenu Super-Héros. C'est vendu depuis un sacré bail comme une révolution dans l'approche du thème et que cela ne peut qu'être parfait, parce que c'est français.


On allait voir ce que l'on allait voir, donc, même si le film passe finalement chez Netflix, et que sa vignette-affiche, par les couleurs vives des costumes convoquées, fait plus du pied à un Power Rangers qu'à un film du MCU.


Et on a vu... Pas grand chose finalement. Même s'il y a quelques idées moins paresseuses que le héros de l'oeuvre.


Ce qui fait déjà beaucoup de mal à Comment Je Suis Devenu Super-Héros, c'est que l'on a vu presque chacune de ses composantes bien mieux exécutées ailleurs. Et que même son trafic de drogue procurant des super-pouvoirs a récemment été porté à l'écran par Project Powers... Sur Netflix !


Ou l'art de se faire tirer une balle dans le pied à peine la course lancée...


Et puis, c'est quand même le comble que l'on se dise, une fois le générique final passé, que la seule chose qui se soit fixée dans la mémoire du spectateur, malgré les références à Watchmen et autres Incassable... C'est le méchant de l'entreprise, d'autant plus que Swann Arlaud en fait des caisses ! Mais cependant, tout ce qui gravite autour de lui, ainsi que son trauma, est le plus travaillé et le plus digne d'éloge, tant, parfois, Comment Je Suis Devenu Super-Héros renifle la paresse coupable, ou encore le fait de ne jamais aller jusqu'au bout de ce qu'il entreprend, comme si Douglas Attal était timoré par le matériau qu'il voulait traiter, pourtant, en grande pompe.


Et au final, on a le sentiment de se retrouver devant ce qui semble être un lourd et long prélude de série, alors que le film ne fait qu'une heure trente à peine passée, et que plus d'une fois, on se dit que tout cela ne se hisse guère plus haut que la facture télévisuelle classique, sans identité propre, sans entrain, sans passion pour son sujet.


Quant au film de super-héros promis, il faudra repasser plus tard, tellement l'oeuvre se montre plus comme un buddy movie policier parfois poussif, fugacement teinté, jusqu'au final, de quelques expressions d'un pouvoir timide au coin de l'écran...


Mais ce qui, finalement, handicape le plus Comment Je Suis Devenu Super-Héros, c'est l'absence de personnages auxquels on pourrait s'attacher. A part le super joué par Benoït Poelvoorde, aucun ne tient au coeur, aucun ne s'impose au spectateur, qui aurait enfin envie de suivre son histoire. Pire, le trauma de Pio Marmaï, celui qui fait tout le temps la tronche à l'écran pour dire qu'il en a un, ne provoque rien et n'émeut littéralement jamais...


Et tandis que la possibilité d'une suite est déjà, bien sûr, ouverte (faisons comme les vilains ricains dans leurs pires travers), à la question "Cape ou pas cape", il y a fort à craindre que le spectateur n'hésite pas longtemps à répondre... Et constater que Comment Je Suis Devenu Super-Héros n'est ni un oiseau, ni un avion, et encore moins Superman dans la galaxie super-héroïque alors que le film avait déjà été présenté comme un sommet du genre.


Et que s'il veut un véritable oeil neuf sur la figure du super-héros, il devra se tourner vers Freaks, même si les gens de bon goût vous diront que c'est de la merde, ou encore vers On l'Appelle Jeeg Robot, même si tout le monde vous dira "Qu'est ce que c'est Jeeg Robot ?".


Car entre un Pio Marmaï mou du genou et antipathique, un formidable travestissement de huis-clos et un super-héros italien bien plus couillu, rentre-dans-le-lard et fou dans son approche du genre, je pense pour ma part qu'il n'y a pas à hésiter trop longtemps.


Behind_the_Mask, French (qui se) Touch.

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le 12 juil. 2021

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