Ceux qui attendront monts et Marvel de Comment je suis devenu super-héros seront forcément déçus par le film de Douglas Attal. Ceux qui n'espéraient rien et évitent en général ce genre de produits seront sans doute sinon séduits, du moins agréablement surpris, jusqu'à un certain point, par l'idée de départ. Laquelle rappelle, avec pas mal de différences et quelques points communs, celle du formidable roman de Marco Mancassola, La vie sexuelle des super-héros, qui imaginait le vieillissement et le déclassement d'anciens sauveurs du monde. L'humanité derrière la cape, après un abus éreintant de pouvoirs, était au cœur du livre et c'est aussi ce qui prédomine dans le premier long-métrage de Douglas Attal, au-delà des effets spéciaux et autres scènes d'action qui ne sont qu'anecdotiques. Le film n'est cependant pas totalement abouti, ayant du mal à mettre en place ses enjeux et hésitant entre divertissement pur et œuvre d'auteur. Même s'il contient quelques soucis de continuité et de clarté du récit et s'il abandonne en chemin certaines pistes narratives, le côté feuilletonnesque de Comment je suis devenu un super-héros ne manque pas d'attrait, en dépit d'une mise en scène qui ne fait vraiment pas grimper aux rideaux. Le casting, lui, inattendu au départ, fonctionne parfaitement avec l'impeccable Pio Marmaï et l'excellente vimala Pons, secondés par des valeurs sûres nommées Benoît Poelvoorde et Leïla Bekhti. Dommage que le film n'ait pas eu sa chance sur grand écran mais après tout il touchera ainsi des allergiques aux blockbusters habituels qui n'auraient pas payé leur place en salles, effrayés par le concept de "film de super-héros à la française."