Constructors (2013) – Stroiteli / 67 min
Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Acteurs principaux : Rauf Khabibullin, Yerbolat Yerzhanov, Aliya Zayulova
Mots-Clefs : Kazakhstan – Arty – Noir & Blanc - Drame
Le pitch :
À la mort de leur mère, deux frères et leur jeune sœur sont expulsés de l’appartement familial, hypothéqué par l’aîné. Possédant tout de même un bout de terrain, ils décident de s’y installer. Malheureusement, ils n’ont que quelques jours pour y construire une maison, sous peine de perdre leur titre de propriété…
Premières impressions :
Il y a quelques jours j’ai écrit sur « The Story of Kazakh Cinema », un documentaire du réalisateur kazakh Adilkhan Yerzhanov. Je remonte aujourd’hui le temps pour vous parler d’un autre film du réalisateur venu d’Asie centrale, visionné lors dans une séance groupée avec le documentaire lors de l’étrange festival 2018, un film en Noir&Blanc : Constructors.
Rappelez-vous, en vous présentant « The Story of Kazakh Cinema », je vous avais dit que Adilkhan Yerzhanov est un réalisateur qui s’attache cruellement à la forme du cinéma, un homme pour qui la façon de raconter une histoire comptait presque plus que l’histoire elle-même. Constructors est tourné deux ans avant le documentaire susnommé et le moins que l’on puisse dire, c’est que le film illustre parfaitement le propos précédent dont la forme infusera longuement le spectateur.
Film contemplatif à l’extrême, ne rechignant pas au plan fixe de plusieurs minutes, Constructors dénonce la bêtise crasse d’une administration corrompue en nous plongeant au cœur d’une famille forcée de quitter son logement et dont le seul espoir réside dans un lopin de terre perdu au milieu d’une zone en construction. Sans un sou, la famille se remonte les manches, « emprunte » quelques matériaux de construction sur les chantiers voisins et lutte contre des promoteurs immobiliers de mèche avec les autorités. Une histoire pas forcément palpitante de prime abord mais dont le réalisateur tire la quintessence, mêlant humour noir, critique sociétale, drame et art vidéo ludique.
Bien que le film ne soit pas tourné avec beaucoup de moyens, d’innombrables images me restent en tête. Des images de ciel, de visages, de paysages, rien que des choses banales mais montrée pendant de longues minutes sur une musique frôlant le Pink Floyd. Évidement, comme il s’agit seulement du second long métrage d’un jeune esthète tout n’est pas parfait et le contemplatif se transforme parfois en ennui. Il est clair qu’il faut être dans un état d’esprit particulier pour se laisser emporter par ce genre de film. Pourtant, alors même que je me suis légèrement assoupi à un moment, je suis emballé par ce réalisateur parce que son film transpire l’essentiel : le sérieux, le travail et la passion.
Pour conclure, Constructors est un film qui porte en lui la promesse d’un artiste en devenir. Un poil trop long, excessivement contemplatif, le film ne plaira qu’aux esthètes venus chercher une expérience plus qu’un divertissement, mais bon dieu, que c’était beau !