Jacen - Trip in Asia

Le Gangster, le Flic et l'Assassin (2019) -악인전 / 110 min
Réalisateur : Lee Won-tae -이원태
Acteurs principaux : Ma Dong-Seok -마동석 ; Kim Moo-Yul - 김무열 ; Kim Sung-Kyu -김성규.
Mots-clefs : Corée ; Hémoglobine ; Méchants pas beaux.

Le pitch :
Un puissant chef de gang dont la férocité est redoutée dans le milieu manque de se faire assassiner par un homme qui prend la fuite sans être identifié. S’il a survécu de justesse à l’attaque, le gangster sait que sa réputation est irrémédiablement endommagée : il doit retrouver l’assassin et le faire payer. De son côté, un inspecteur de police, est persuadé que le fameux assassin est un tueur en série.

Premières impressions :
La semaine dernière le métro parisien était couvert d'affiches du dernier films coréens sorti dans les salles françaises : "Le Gangster, le Flic et l'Assassin". Surfant sur le succès à Cannes et dans les salles hexagonales (1.5 millions de spectateurs) de Parasite de Bong Joon-Ho, Metropolitan Filmexport a mis les petits plats dans les grands pour faire la promotion de son poulain, lui aussi présent en Cannes (en séance de minuit). Une bande annonce punchie soutenue par une grosse ligne de basse, un doublage français à grosses voix, des acteurs connus des amateurs et des "critiques" dithyrambiques promettant un "polar jouissif", la promo hors-norme était suffisamment grande pour que j'aille voir le dernier film de Lee Won-Tae dès sa première semaine. Pour tout dire, c'est pas brillant. Encore que ?

J'ai un avis partagé sur "Le Gangster & co" parce qu'il s'agit à la fois d'un film complètement con au scénario torché mais qui en même temps m'a offert un bon moment de défoulement. Des polars, des thrillers et des films d'actions coréens meilleurs que celui-ci, mieux écrits, mieux joués, au moins aussi bien filmés, j'en ai vu des palanqués mais hélas ces films là je n'ai pas pu les voir au cinéma en dehors de festival. Le dernier film de Lee Won-Tae se classe entre le film médiocre "Asura" de Kim Sung-Su et le faiblard "Gangnam Blues" de Yu Ha, deux films qui misent sur la violence, le langage de charretier et le scénario tenant sur un paquet de clope maïs. Bien que l'histoire soit censée être tirée de faits (en partie) réels dont je n'ai pas encore trouvé la trace, l'intégralité du scénario repose sur des retournements de situation plus cheatés les uns que les autres quand il ne fait pas tout simplement appel à un excès d'hémoglobine pour attiser artificiellement les situations et montrer comme le méchant est très méchant façon "tu ramasseras tes dents, ça fait pas propre".

Pourtant, malgré un sérieux manque d'imagination et de cohérence, la veille recette du flic borderline (Kim Moo-Yul) associé à la figure du gangster imposant (Ma Dong-Seok) pour contrer un type encore plus salopard (Kim Sung-Kyu) fonctionne grâce au charisme du casting. Quand le Chaos frappe, le "Bien" et le "Mal" doivent travailler main dans la main pour pouvoir se remettre gentiment sur la gueule. Bien rythmé, une image clinique comme on retrouve dans les productions de thrillers locaux et une bande-son qui déboite, le film arrive régulièrement à faire oublier la vacuité de son propos et son soutien appuyé et détestable à la peine de mort grâce à son côté "John Wick". Heureusement, le film de Lee Won-tae va suffisamment loin dans le grotesque et déconnecte juste assez son monde de la réalité pour que l'on puisse le regarder comme on regarderait un " Frank Miller" (Sin City) et c'est à mon sens la seule chose qui "sauve" le film et permet de l'apprécier.

Pour conclure, "le Gangster & co" est une production grotesque et faiblarde intellectuellement très loin des meilleurs thrillers coréens. Pourtant pour peu qu'il le prenne comme un (mauvais) spaghetti réactualisé mixé à du Sin City et à la qualité d'image d'un "For the Emperor", le spectateur passera un bon moment, en tout cas s'il arrive à faire abstraction de la mégatonne de virilité toxique qui ne laisse qu'un vague troisième rôle à une actrice bien esseulée. A voir au cinéma uniquement pour ne pas perdre du seul intérêt du film.