Dommage qu'un film dont le titre renvoie à ses trois principaux protagonistes n'attache que si peu d'importance à la caractérisation de ces derniers. Qui es-tu le flic, à part une caricature de chevalier blanc badass en conflit avec sa hiérarchie? Qui es-tu le gangster, à part une caricature de brute méchante mais finalement pas tant que ça? Qui es-tu l'assassin, à part une caricature d'assassin complètement déglingos devenu assassin parce que tu
as grandi dans un orphelinat
?
A partir de là, difficile de trouver ce scénario crédible, tant l'écriture des personnages et les dialogues ne permettent ni de croire à la collaboration entre le mafieux et le flic (et leurs équipes respectives), ni à l'épopée sanglante du tueur. On donne à ce dernier quelques lignes de dialogue pour expliquer à quel point il est foufou et dangereux pour la société. A la limite on aurait préféré qu'il ne parle jamais et qu'il reste un symbole du mal sans empruntes digitales, sans nom, sans mobile. Le Joker de Nolan quoi. Mais avec la coupe de Bruce Lee et habillé en noir.
Élément amusant : les personnages principaux et secondaires du film passent leur temps à se mettre des coups de pression, et ce parfois en dépit du rapport de force existant entre eux. C'est à n'y rien comprendre, la moitié des dialogues est construite là-dessus. C'est peut-être une différence culturelle me direz-vous: les coréens sont des sanguins, des belliqueux, des arrogants. C'est bien connu.
C'est à se demander sur quels faits divers réels le film se base tant on a l'impression que tout ceci ne tient pas la route.
Enfin, on pourra déplorer la fin
qui est comme déjà évoqué un plaidoyer grossier pour la peine de mort. Pourquoi? On s'en fout... Par voie légale ou par vengeance musclée? Les deux mon capitaine, et peu importe tant qu'il crève ce déviant acnéique.
Pire, le réalisateur fait le choix de ne pas aller jusqu'au bout de ce qu'il pense en laissant le spectateur devant un dilemme qui n'en est pas un.
Coté réal, on notera quelques bonnes idées de mise en scène dans les scènes d'action qui mettent en valeur notamment un Don Lee impressionnant en gangster musculeux et tatoué. Les effets sonores appuient cette violence brute avec un petit coté over the top qui peut rendre le tout épisodiquement assez jouissif et sympathique. Ou nanardesque?
Bref, un divertissement finalement très convenu mais pas dénué de qualités ni de capital sympathie, en grande partie parce qu'il a pour cadre un Séoul underground plutôt intriguant.