Cours, Lola, Cours est le troisième film de Tom Tykwer. C'est celui ci qui le hisse au rang des bons cinéastes en Allemagne. Ce film a fait l'unanimité outre-Rhin. Très vite, il devient culte et arrive à sortir de ces frontières. En outre, il attire l'attention de nombreux festivals ou il est présenté. Il remporte notamment le Prix du film Allemand (l'équivalent de nos Césars) en 1999. Le succès français est plus modeste et c'est par le biais des circuits indépendants qu'il se fait un nom. On peut noter un réel regain d'intérêt pour ce long-métrage grâce à la découverte de ses films suivants. En effet, Tom Tykwer a réalisé une des 18 parties de Paris, je t'aime, Le Parfum ou encore L'Enquête. Cours, Lola, Cours marque un tournant dans la carrière de Franka Potente (Lola). L'actrice a en effet connu une carrière internationale en étant par exemple aux côtés de Matt Damon dans la série des Jason Bourne. Moritz Bleibtreu (Manni) qui est une véritable star en Allemagne se retrouve dans Munich de Steven Spielberg. Il faut aussi noter que les seconds rôles du film sont tous interprétés par des acteurs allemands confirmés et assurément plus connues que les deux têtes d'affiche !

Cours, Lola, Cours est un film original dans sa forme. Sa structure est divisée en trois parties distinctes. Point d'enchevêtrement entre les différentes parties, ici elles sont toutes repérables facilement. Ces trois parties tournent autour de la même problématique qui est que Lola se met en quête d'argent pour sauver Manni. A la fin des deux premières parties, il y a un retour en arrière jusqu'au début des 20 minutes qu'a Lola pour parvenir à sa quête. Il y a retour arrière car l'issue de ces 20 minutes est mauvaise et n'est pas un succès. C'est Lola qui décide de revenir en arrière. Très vite, elle va s'apercevoir que ses choix sont cruciaux dans l'issue du scénario. Ces choix décisifs rendent chaque partie différente dans son déroulement et dans sa fin. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais sachez seulement que les deux premières parties ont une fin fatale pour chacun des deux personnes du couple. La troisième partie est à mon sens idyllique car trop parfaite. Elle fait intervenir des éléments divins tournant autour du nombre 20 en référence aux 20 minutes du temps restant qu'il reste à Manny de vivre. Le film est donc une version accélérée de notre vie. Quand je dis « notre vie » je parle de nous les humains. Chaque choix, chaque décision que nous prenons ont en effet une répercussion sur nos vies dont l'issue est inévitablement la mort. Cela s'applique aux deux premières parties. La troisième partie représente la vision parfaite que nous pourrions avoir sur notre vie. Cette vision idyllique n'est évidemment pas possible. C'est dans cette optique que je pense que la troisième partie n'est pas réelle et seulement une vision de ce qu'aurait pu être l'histoire si tout avait été parfait.

Tom Tykwer imaginait pour son film une jeune fille aux cheveux rouges sauvant son amant. Cette image était le point le départ de son histoire. Cette jeune fille est évidemment Lola. C'est une sorte d'ange protecteur qui va prendre tous les risques pour sauver Manni. A défaut ou pas de le sauver elle sauve la vie d'un homme dans une ambulance en lui touchant la main. Miracle ou coïncidence ? A vrai dire ça n'a pas d'importance mais la comparaison est possible. Cette femme est également une romantique qui pense que l'amour vainc tous les obstacles aussi insurmontables soient ils. C'est elle qui incarne la force du couple. C'est sur elle que Manni se repose lorsque la situation devient chaotique. Lui est à bout de nerfs quand elle garde la tête froide pour analyser la meilleure situation possible. Et là ou tout l'intérêt du film apparaît c'est lorsqu'elle court. Elle court à en perdre haleine, elle court encore et encore, de plus en plus vite, animée par le feu de l'amour et de son objectif. Avec Lola, le réalisateur invente une héroïne des temps modernes. Ce n'est plus l'homme qui sauve sa dulcinée mais la femme qui sauve son dulciné. Pour continuer dans l'invention et dans les temps modernes. On peut noter le générique d'introduction totalement originale. Le film débute sur une horloge en gros plan faisant référence au passé, au temps qui est compté. La caméra se retrouve ensuite au beau milieu d'une foule de gens dans un décor entièrement blanc. Vient ensuite la dernière partie du générique, la version animée de Lola apparaît à l'écran avec une musique techno rapide et très rythmée. Le ton du film est donné. Le début de chaque épisode est marqué par le téléphone lancé en l'air. Rien ne va plus, les jeux sont faits. Maintenant Lola a 20 minutes pour agir ou pour mourir. On peut également noter la présence de différents flash-forward présentant le futur des différents personnages croisés par Lola. Ils sont évidemment tous différents suivants les différentes parties et tout aussi idylliques ou fatales que ces même parties.

Cours, Lola, Cours est un petit bijou. Son histoire et sa réalisation détonnent, interpellent et sont diablement novateurs. Tom Tykwer arrive à produire une œuvre adaptée aussi bien aux amateurs des films pop-corn qu'aux cinéphiles qui y verront un véritable conte doté de nombreuses symboliques. N'attendez plus et dépêchez vous de vous jeter sur cette merveille allemande qui mérite largement le coup d'œil.
dexter_stinson
8
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le 9 mars 2012

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