Après deux premiers films discrets, le réalisateur allemand Tom Tykwer va bouleverser le cinéma teuton en 1998 avec Cours Lola Cours, un film de dingue où Tykwer va non seulement qu'il a des idées de génie mais aussi un talent dingue pour la mise en scène. Le film raconte comment Lola, jeune berlinoise un peu paumée, va essayer de sauver de la galère son mec endetté jusqu'à la moelle. Pour cela, elle a 20 petites minutes. Un concept assez fou qui va pourtant tenir la route grâce à un ingénieux système : le film présente la même histoire avec trois alternatives différentes où des concours de circonstances vont à chaque fois changer la donne...
Un film avec un vrai commencement et plusieurs fins, c'est pas vraiment original (on pense au Hasard de Krzysztof Kieślowski ou encore au diptyque Smoking / No Smoking) mais c'est ici le point central du film, la deuxième alternative intervenant au bout d'une demi-heure de bobine. Car mis à part les premières minutes qui présente le sujet, les issues de l'histoire varient tout au cours du long-métrage.
Ainsi, outre ce schéma narratif fracassant, nous avons également affaire à l'interprétation épatante de la jeune Franka Potente et celle du prometteur Moritz Bleibtreu et à la mise en scène clippesque de Tykwer qui n'hésite pas à mélanger plans épileptiques, mouvements de caméra vertigineux, travelings insensés et passages en dessin animé.
Ce qui aurait pu être un simple court-métrage réussit à nous immerger dans un récit sans temps mort, drôle et rythmé à la perfection, où tous les personnages du films, figurants ou protagonistes principaux, ont un rôle prépondérants dans la suite des évènements. Un coup de maître pour le réalisateur allemand qui va à partir de là s'imposer comme l'une des valeurs sûres du cinéma des années 2000, Cours Lola Cours étant une prouesse malheureusement trop peu connue qui mérite amplement son statut de film culte.