Crimes of the future est la deuxième face du diptyque expérimental cronenbergien. On ne peut pas par ailleurs affirmer - si ce n’est en ayant une approche chronologique - si Crimes of the Future est un préquel ou une suite. Quoiqu’il en soit, Crimes of the future et Stereo (1969) s’inscrivent dans la même logique expérimentale du réalisateur, scénariste, producteur, monteur et directeur de la photographie qu’est David Cronenberg.
Par la suite, je vais souvent avoir recours à des comparaisons avec Stereo.
Le second long-métrage dure 1h03 mais semble s’étendre sur 3 heures. Là où Stereo avait un réel intérêt notamment dans sa mise en scène, Crimes of the future brille par sa vacuité. J’ai d’ailleurs le sentiment que le film aurait pu durer 45 minutes de moins, ce qui revient à retirer les trois quarts du film.
En effet, de longs plans-séquences sont inutiles : je pense notamment à la scène où un homme trie des chaussettes sous le regard pervers et vicieux d’un personnage tout aussi pervers et vicieux (à ce niveau-là, l’acteur livre une bonne performance). Quel intérêt ?
Quid du culte fait aux orteils et plus largement aux pieds ? L’âme de Tarantino transcende-t-elle le film ? Non. Si c’était le cas, le film aurait le mérite d’être captivant malgré un manque criant de subtilité.
Quand on n’aime pas une œuvre d’art, il est difficile de trouver les mots justes pour expliquer ce jugement. Il est davantage difficile d’expliquer l’affection que je porte pour le premier opus qui ressemble thématiquement et formellement au second opus...
Les thèmes chers (la violence, le pouvoir des institutions, la science, la dichotomie corps/esprit) à Cronenberg sont présents, mais comme dans Stereo, ils sont très souvent mal exploités. Et puis que dire de ces bruitages insupportables s’ajoutant à une voix-off lugubre ?
Pour reprendre la fameuse déclaration d’un jeune entrepreneur suisse appartenant à une classe sociale élevée : « la question est vite répondue ».
Finalement, il n’y a pas grand-chose à analyser ou à dire sur la seconde œuvre du maître du body horror si ce n’est qu’elle est vide et prétentieuse. Les cadrages sont par ailleurs bien étudiés et se fondent dans ce décor architectural moderne.
Après ces deux films expérimentaux, Cronenberg va se tourner vers un cinéma plus commercial, tout en préservant son identité artistique.