Jeune Américaine rêvant de devenir romancière, Edith Cushing (Mia Wasikowska) rencontre l’attirant baronnet Thomas Sharpe (Tom Hiddleston), qui semble partager sa fascination pour les fantômes. Devenue sa femme, Edith va aller vivre dans son vieux manoir en compagnie de sa sœur Lucille (Jessica Chastain), au sommet de la colline dite de Crimson Peak. Mais cette demeure recèle bien des mystères…


« Ce n’est pas une histoire de fantômes, c’est une histoire avec des fantômes » déclare Edith Cushing au début du film à propos de ses romans. Mise en abyme peu subtile mais nécessaire, par laquelle Guillermo del Toro nous annonce la couleur du film, cette déclaration s’adresse bien évidemment au spectateur : s’il y a bel et bien des fantômes dans Crimson Peak, ce n’est pas un film de fantômes à proprement parler. Si del Toro cherche à retrouver l’ambiance des vieux films d’horreur de la Hammer, c’est avant tout dans la lignée de la littérature gothique britannique du XIXe siècle qu’il se place, mettant davantage l’accent sur le drame humain qui se joue sous nos yeux que sur le film fantastique. On retrouve en effet du Mary Shelley ou des sœurs Brontë dans ce récit d’une jeune femme effrayée par la grande demeure dans laquelle elle se trouve.
S’il aurait sans doute été préférable de laisser le doute sur la réalité des fantômes, Crimson Peak parvient toutefois à ne jamais basculer dans l’excès, grâce à une direction artistique parfaitement maîtrisée, à travers laquelle del Toro prouve toute l’étendue de son génie visuel. Des décors baroques de Thomas E. Sanders à la musique de Fernando Velázquez, sans oublier l’hallucinante photographie de Dan Laustsen et les somptueux costumes de Kate Hawley, Crimson Peak a tout d’une véritable claque esthétique, imprimant chacun de ses plans dans la rétine d’un spectateur émerveillé.
Mais si le film de del Toro est aussi réussi, c’est avant tout par le biais de son incroyable trio d’acteurs principaux, qui crée des personnages extrêmement attachants et intéressants, malgré le peu d’ambiguïté que leur autorise le scénario (dès le plan qui l’introduit, Lucille Sharpe apparaît comme la méchante du film, alors même qu’il aurait été plus judicieux de laisser planer le doute).
Il faut dire que le scénario apparaîtra sans grande surprise au spectateur un tant soit peu éveillé, son classicisme - qui lui fait certes honneur - constituant également sa limite. Malgré quelques légères longueurs, il reste captivant de bout en bout, et s’il prive le film de la petite étincelle qui aurait pu le mener au chef-d’œuvre, Crimson Peak s’avère tout de même un excellent conte gothique dans la grande tradition du genre, un superbe hommage à un siècle de cinéma d’épouvante et une référence dans son domaine.

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le 20 févr. 2018

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Tonto

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