Nota : ceci est une critique de la version "courte" du film.
Whaaaow, j'ai vu ce film il y a environ 24h et j'ai du mal à en avoir un avis objectif tant ça m'a bien percuté. Bon, déjà, je dois remercier le podcast Batoru sans lequel je serais passé complètement à côté de ce film, pourtant sorti en France à l'époque (mais sans doute eclypsé par le phénomène Your Name !)
Pour résumer, si j'avais dit de Mary et la Fleur de la Sorcière que c'était un peu un melting pot de Miyazaki, Dans un Recoin de ce monde est étrangement un melting pot de Takahata (mais en mieux géré) : t'as du slice of life, des histoires du petit peuple, un chara-design très simple, des décors en aquarelles, des changements de tons permanent (c'est même un roller-coaster) et ça montre la vie des civils japonais durant la seconde guerre mondiale... à Hiroshima pour être plus précis.
Ce qui est vraiment intéressant c'est à quel point le film fait passer son scénario sans jamais être pesant ou tire-larme. Le film passe son temps à rester dans une légèreté, celle de la vie quotidienne, des tracas d'une japonaise normale avant et pendant la guerre, et comme les personnages, on passe notre temps à voir les jours défiler, la situation se dégrader (d'autant que le spectateur sait très bien l'issue de la guerre) tout en croisant les doigts pour que tout se passe bien.
Le film n'est pas sur les horreurs de la guerre, mais sur à quel point il faut se raccrocher au quotidien pour continuer à survivre. Il y a d'ailleurs un pétage de plomb du personnage vers la fin du film lorsqu'elle ne cesse d'entendre les gens dirent que "par bonheur, ça aurait pu être pire" mais de ce dire qu'il n'y a eu QUE ça.
Et c'est là qu'est toute la finesse de l'écriture. Avec le même canevas, un autre auteur aurait pu en rajouter des tonnes pour en faire un mélodrame, mais non, l'héroïne est marié avec un homme qu'elle connait à peine mais leur couple se renforce avec le temps, elle a une belle-soeur acariatre mais elles finissent par se comprendre, etc... Le film nous montre pourtant la guerre, mais arrive à les faire passer soit en les incluant entre deux situations banales soit en nous poussant à faire le lien entre deux événements connus et annoncés en cours de route.
C'est même parfois son défaut : il m'est arrivé de ne comprendre des trucs qu'à rebours parce qu'il y a un mélange ellypse + moments rêvés qui m'a perdu sur certains points. (Quoique c'est volontaire, notamment lors d'un moment pivot du film où la scène proprement dite ne nous est pas montré, mais raconté par la protagoniste sur ce qu'elle AURAIT du faire, nous laissant imaginer ce qu'il s'est réellement passé.) C'est couplé avec un désamorçage de nos attentes de montées dramatiques : comme durant la guerre, les choses arrivent lorsque l'on ne s'y attendait pas et évidemment, le moment où le spectateur se dit "holalala, ça va être horrible, ils vont tous mourir" et bah.... je ne vais pas vous spoiler le film.
Mais le film aura réussi à me faire pleurer plusieurs fois dont la fin du film qui en trois plans m'a fait pousser des larmes à la fois sur la tristesse de la situation et sur la bonté humaine des personnages. Rien que pour cette scène, je monte limite la note d'un cran.
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Y a peu de chance. Mais quitte à voir un film sur la guerre, est ce qu'il est pas préférable à Parvana ou au tombeau des lucioles ?
Possibilité de remake/suite : Sincèrement, c'est con, mais ouais... j'aimerais tellement savoir comment ils se reconstruisent après la guerre
Et comment ils gèrent la petite fille qu'ils ont adoptés.
Le détail qui m'agace : Ils se sont sentis obligés de justifier le titre en lâchant une phrase à la fin du film alors que c'était pas forcé.