Le palmarès d'Annecy 2018 l'a prouvé, l'animation japonaise est plus dominante que jamais et quelques jours après le très sympathique Cristal "Lou et l'île aux sirènes", c'est au tour du Prix du jury de débouler sur nos écrans. Et là franchement on monte au moins d'une marche même s'il serait fallacieux de réellement comparer les deux tant ils jouent dans des catégories distinctes : pop et légèreté d'un côté, mélancolie (non dénuée d'humour malgré tout) et gravité de l'autre.
"Dans un recoin de ce monde" est doux et douloureux, Katabuchi nous balade dans un univers entre "Le Tombeau des lucioles" et "Mes voisins les Yamada" avec un sens du rythme, de l'ellipse, du flah-back qui n'est pas sans rappeler le "Quartier lointain" de Taniguchi. Le ton et le trait ne varient pas, d'une douceur absolue malgré le récit qui bascule peu à peu vers l'horreur.
72 ans après la plaie d'Hiroshima est encore à vif, le Japon, pays de traditions et de croyances s'il en est, ne cessera jamais de pleurer ses 140 000 disparus. Sans pathos, avec pudeur et poésie, leurs créateurs seront toujours là pour nous rappeler la folie des hommes, celle-la même qui est plus que jamais à l’œuvre en ce moment et pourrait bien faire bégayer l'histoire.