À peine a-t-il en un rien de temps conquis une nouvelle génération de cinéphiles, adeptes du cinéma d'horreur déjanté et qui tâche, que l'intenable Sam Raimi change de registre. Tout en restant dans le cinéma de genre, l'auteur des deux premiers Evil Dead et de Mort sur le gril, comédie acide et cartoonesque, attaque les années 90 avec un super-héros que l'on croirait tout droit sorti d'un pulp des années 40...
En résulte un film fantastique inédit, glauque et violent, mettant en scène un vigilante défiguré qui n'aspire qu'à la vengeance plus qu'à la justice. Ainsi naît Darkman, savant mélange de film de super-héros et de polar sombre, aux scènes d'action dantesques et aux effets spéciaux saisissants (nous sommes en 1990, ne l'oubliez pas).
Le scénario nous entraîne donc dans une ville cernée par le crime organisé qui va peu à peu déchanter face à ce freak déterminé à faire payer les bourreaux responsables de son état. Dans le rôle-titre, le alors peu reconnu Liam Neeson, excellent dans la peau (brûlée vive) du Dr. Westlake et de son alter ego Darkman, chapeau feutré et long manteau noir rappelant fortement un autre héros de vieux pulp : The Shadow. Se joignent également au casting le génial Larry Drake, la brillante Frances McDormand ainsi qu'une pléiade de gueules patibulaires.
Ainsi, entouré d'une belle brochette d'acteurs, Raimi s'amuse comme un petit fou à allier effets visuels et son habituel humour noir tout en conservant une trame propre, agréable à suivre et sans faux-plis. Au final, sans avoir la prétention de révolutionner quoique ce soit, Darkman demeure encore aujourd'hui une référence dans le genre et un excellent film fantastique à mettre au top de la filmographie de son atypique metteur en scène.