La frontière

"Quand je dessine, je mets des films de Julia Roberts en fond, en VF. Je les regarde à peine. Mais j'adore cette voix" mon auteur de BD préféré

GARANTI SANS SPOILER

Je m'endors devant les films. Toujours en deux temps. D'abord je ferme les yeux, en essayant de suivre l'histoire avec le son. Puis le sommeil me force à abandonner ; dans une transition où le son, seule réalité qu'il me reste, devient brouillard. Puis rêve. Ou néant. Suivant les nuits.

Enfin ça c'était avant.

Maintenant, depuis que le cinéma m'obsède, je le trouve infini. Si bien que quand je ferme les yeux, j'accepte d'en perdre une grosse partie : son scénar. Et les yeux fermés je me contente des restes... le bruit... Une portion de l'infini, ça reste l'infini.

Plus j'essaie de comprendre ce que j'observe, plus - quand je ferme les yeux - je me contente du son pour ce qu'il est : un rythme, du timbre et une hauteur ; même pas... c'est déjà trop ; il devient mélange(s) de bruits ; cintré de liens mentaux éphémères, dont le suivant oublie l'avant dernier.

Si des liens plus durables se font, c'est bien malgré moi. Et c'est très bien comme ça.

Un jour je finirai ce film sans m'endormir, mais je ne suis pas pressé. Voilà déjà trois fois que je prends le canoë avec Johnny et l'indien. Que je vois le cheval sur la berge... et je ne sais toujours pas ce qu'il y a au bout de l'eau.