Red fist
Après les gardiens de la galaxie, Marvel, nous refait le coup du Walkman, cette petite touche de nostalgie, pour faire du neuf avec du vieux, ode à la hype du mec cool qui met en pièce ses...
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le 17 févr. 2016
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A la sortie de la séance j’ai une impression bizarre : j’ai vu Deadpool, j’en ai apprécié certains aspects, moins d’autres. Rien que ma notation va le montrer sur ce site : 7 ? 6 ?
Se pose alors la question pour moi de savoir ce qui me dérange au final dans ce film, ce qui fait que je reste dans cet entre-deux. Ce sentiment mitigé entre « c’était bien » et juste « j’ai passé un bon moment » me pousse à m'interroger. Attention ça va prendre des pages :
« A merc with a mouth»
Posons les bases. Deadpool c’est quoi ? c’est qui ?
Déjà, c’est un personnage de bandes dessinées des écuries Marvel et même un personnage souvent rattaché de près ou de loin aux fameux X-Men mais sans en être un membre à part-entière ni sans savoir vivre sans eux. Il s’en est tant dissocié qu’on ne le rattache plus forcément aux mutants quand on pense à lui, moins encore que son compatriote Wolverine.
Surfant sur la vague de succès accordés aux anti-héros de l’époque (Wolverine mais aussi Punisher) les créatuers de Deadpool tentent leur chance en s’inspirant principalement d’un personnnage de la Distinguée Concurrence, Deathstoke aka Slade Wilson, duquel ils pasticheront jusqu’au patronyme mais auquel ils retireront le coté sérieux, lui préférant l’humour d’un Peter Parker.
Mais Deadpool c’est surtout un gros lâché prise pour celui qui l’écrit : un mercenaire au facteur guérisseur si puissant qu’il en perd tout sens du danger ou de la douleur, si puissant que le bougre pourrait bien être absolument immortel. C’est aussi un homme devenu fou (schizophrène selon certaine Bds), atteint d’une folie qui le fait certes parler à lui-même ou fomenter des plans incroyablement stupides tout autant qu’efficaces mais également, voire principalement, avoir conscience de sa condition de fiction, de personnage de bande dessinée. Ce dernier point, accompagné de l’irrévérencieuse sadicité du personnage, de son égoïsme incroyables et de ses plaisirs aussi vains que simples, en a vite fait le sel de ses aventures papiers en lui permettant un humour très peu vu ailleurs, se jouant du 4e mur et du lecteur à répétition, tranchant même dans l’équipe créative parfois.
En quoi me semble-t-il important de rappeler tout ça ? Parce que c’est aussi là-dessus qu’auront reposés la génèse du film comme la communication faîte tout autour :
Ryan Reynolds a eu honte de ce qui a été fait de son personnage au gré du film sur les origines de Wolverine (et on le comprend) et en tant que fan auto-proclamé il a voulu donner sa vengeance à Deadpool au cinéma, s’est battu pour lui et a tout fait pour que le mercenaire bavard ait enfin une adaptation qui lui rende justice, un film où il ne serait pas écrasé ni transformé par la machinerie Hoolywoodienne. Un peu comme si l’on nous affirmait qu’il ne s’agissait pas d’une adaptation du héros sur grand écran mais bien d’une véritable transposition de celui-ci. On n’y touche pas.
Au fur et à mesure des combats remportés pour le long métrage, ce sont autant d’arguments qui ont étés trouvés pour vendre le film : « notre film sera si violent qu’on est Rated R, ce sera pas un film à mettre devant les gosses ! » ; « va y avoir des guests ! » et bla bla bla. Mais tous ces messages pouvaient se lire comme de nombreuses promesses :
Tu vas pas voir un film de super heros, tu vas voir un film de Deadpool. Tu vas pas voir un film asseptisé, tu vas voir un film mature et pour adultes. Tu vas être surpris. Tu vas en avoir pour tes sous !
Cela donnait à espérer un film pour lesquels ses créateurs se soient donné comme but de lui donner une véritable identité. Pas un truc très intelligent mais réfléchi quand même. La bande annonce elle-même en a fait son argument majeur : n’allez pas le voir si vous vous attendez à un film de super héros lambda….
« C’est pas ce genre de film de super-heros »
Venons-en donc au film, moment fatidique où les discours prennent vie et font face à leur réalité. Alors, Deadpool le film, différent de n’importe quel autre film de super héros ?
Le bougre jure à tout va, il est sanglant et gore, il fait des allusions en dessous de la ceinture. C’est clair qu’on n’a pas l’habitude de voir ça chez les super-héros au cinéma aujourd’hui. Seulement on peut se poser l’inévitable question du « pourquoi ? ».
Si les blagues grasses en abondance correspondent inévitablement au mercenaire, le gore à outrance vient souligner quoi ? Certaines scènes étaient vraiment réussies, avec une esthétique très léchée, mais d’autres… ? Au final si je retiens beaucoup de scènes pour leur esthétique déjà soulignée, le cumul de gore m’a surtout semblé faire office de faire valoir creux, de cache-misère.
Quand ça ne sert à rien, c’est creux. Et si la seule utilité, quand elle n’est pas dans quelque chose d’un art de l’image ou de la scène, est uniquement dans l’affirmation qu’on n’est pas devant un film pour gosse alors je me trouve en droit de me poser la question de l’utilité.
Le mec qui s’explose à en devenir confiture sur un panneau de l’autoroute ? beau ? utile ? drôle oui, mais sans le gore ne l’eût–il pas été tout autant ?
Je dois avouer que je n’ai jamais été un grand fan d’ « humour gore » tel les dessins animés « happy three friends », ce qui peut expliquer d’autant mon interrogation quant à l’utilité de telles séquences. On me rétorquera sans doute aussi que le mercenaire a aussi ses moments gores dans les Bds - ce à quoi je ne pourrais qu’acquiescer - mais je n'ai pourtant pas l'impression que ça y soit aussi présent. Bref : le problème c’est que ce gore, dans son sens et son utilité, soulève encore autre chose pour moi dans ce que je lui trouve de cache-misère.
En sortant du cinéma je me suis tourné vers mon frère et ai échangé mon ressenti étrange de n’avoir pas vraiment vu un film. Il m’a répondu avec intelligence qu’on a surtout été voir un personnage.
Ce n’est pas un défaut en soi, et c’est vrai que ça a fait toute la genèse du projet ? Le problème est qu’il a bien fallu malgré tout en raconter quelque chose de ce personnage. Et qu’est-ce qu’on raconte quand on fait un film de super héros ?
Deadpool se voulait révolution du film de super héros en en dépassant les codes et en en jouant pour se permettre un truc méta, il nous raconte finalement – et comme tout film du genre – l’origine du personnage/comment il est devenu ce qu’il est et lui offre une quête face à un grand méchant qui lui vole sa belle.
Rien que dans la Ba ça m’avait choqué, ça : Deadpool qui se la joue chevalier blanc pour une gente damoiselle….
ON N'A MÊME EU DROIT A LA CREATION DE SON COSTUME !!!
Alors non, Deadpool n’est pas tourné comme un film de super héros à part, il est tourné comme un film de super héros lambda. Une origine, une amourette, un enjeu autour de cet amour et face à un Némésis...
Il a même le démérite, avec le fait de nous offrir une histoire des plus stéréotypiques du genre, de nous en offrir une finalement très vide: au final il ne s'est pas passé grand chose dans ce long métrage et seule la structure du film donne un peu l'impression du contraire..
La seule différence que se trouve deadpool, c’est son humour, son irrévérence et son gore et il en parfume tout ce qu’il peut, histoire de légitimer sa notation R ou son coté (faussement, donc) subversif. Ce "tout-parfumé" donne aussi cette sensation étrange que même les autres personnages peuvent être un peu Deadpool : sa belle, son sidekick, son nemesis, etc, tous ont peu l’humour du protagoniste principal.
La folie du personnage n’est d’ailleurs pas très bien abordée, bien que l’on peut observer à quelques reprises le personnage se parler et se répondre à lui-même. C'est juste là sans qu'on sache vraiment pourquoi (et malgré son fond origin story, donc). Et si l’humour basé sur la chute du 4e mur fait souvent mouche, généralement quand il fait référence à des acteurs de la franchise X-Men ou ce genre de chose qui nous ramène à la dure réalité des studios, il est malheureusement aussi l’occasion pour le réalisateur de nous offrir une voix off du personnage tout au long du film pour en expliquer l’action. Un truc niais, en somme, mais dont la nécessité se comprend face à la structure du film puisqu’ayant opté pour une grande multiplication des flashbacks propices à nous perdre dans la continuité de ce qui est conté : moyen apparemment trouvé pour donner l’impression de casser le style origine story… bien qu’il propose une origine story. Un cache-misère comme le reste, donc ?
« That sound like a franchise ! »
Je crois que la phrase que je viens de citer m’a vraiment énervé quand je l’ai entendue car à elle seule cette phrase me semble montrer le mauvais esprit derrière cette adaptation : il n’ont pas pleinement réussis à faire un film de Deadpool selon moi et se sont un peu perdus quant à faire un truc qui soit un film de super heros sans en être un. Aussi, comme le reste des films de super heros celui-ci a vocation à devenir une franchise et donc – là où il prétendait être unique – à casser de lui-même ce qui le rendait unique ou devait le faire. Un désaveu/des-aveux formidables.
Pour autant il serait injuste de rester sur ces seules notes négatives. Car si j’ai hésité entre lui mettre 7 ou 6 il faut observer que ce sont là des notes respectables. Alors non, Deadpool n’est pas subversif et n’est pas tout à fait un film de super héros à part comme il le prétendait. Il ressemble même pour beaucoup à un gros produit commercial qui veut attirer du monde dans les salles sombres. Et s’il ne respecte pas ses promesses quant à ne pas trop prendre son public pour un imbécile il faut quand même lui reconnaître qu’il le fait avec panache et offre de très bons moments devant l’écran. Entre des scènes d'action bien foutues un un humour qui fait souvent mouche le film n'est clairement pas un échec total, au contraire.
Je l’aurais sans doute même apprécié d’avantage si je n’avais eu toutes ces promesses derrière sa communication (en même temps du Rated R, il fallait le vendre). Mais ça c'est peut être encore une autre histoire et ça mériterait son propre développement: cette impression que les grands films hollywoodiens se vendent d'avantage sur les réseaux sociaux aujourd'hui - et à coups de spoil, making of, rumeurs, revelations et autres - que dans les salles obscures. (on m'enlevera pas l'idée que star wars 7 est devenu culte et apprécié avant sa sortie et j'ai bien peur que la plupart des blockbusters aujourd'hui tendent à suivre le même schéma)
Après, est-ce que je lui aurais mis ce fameux 7 s'il n'y avait eu cette communication aggressive, ça… ?
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Créée
le 25 févr. 2016
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