En 2010, le plus grand accident écologique de l'histoire des USA, va avoir lieu dans le golfe du Mexique. Peter Berg va nous faire vivre cette journée en enfer au sein de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon.
La mise en place se fait en douceur, en prenant le temps de nous faire découvrir les différents protagonistes et la "bête". On n'échappe pas au moment familial avec Mike Williams (Mark Wahlberg) et sa femme Felicita (Kate Hudson), enchaînant les sourires et regards langoureux, avec aussi leur adorable jeune fille (quand on voit la vraie famille Williams, on se dit que la réalité est plutôt différente, c'est la magie du cinéma). C'est mignon, mais il doit se rendre sur le Deepwater Horizon, pour retrouver son boss et ses potes. Mais comme un signe annonciateur de la catastrophe à venir, un oiseau s'écrase sur l'hélicoptère, secouant notre héros.
La découverte du puits de l'enfer, comme le surnomme ceux qui bossent dessus, est impressionnante. Peter Berg filme cette plateforme pétrolière isolée en pleine mer, comme une bête prêt à rugir, avant d'avaler ceux qui se trouvent à sa portée. Il insiste sur son éloignement de la terre ferme, en s'enfuyant plusieurs fois d'elle. C'est beau et terrifiant à la fois, tout en étant simple et efficace, à l'image du film. Dès le début, son intensité est palpable. On attend le moment où tout va basculer, en suivant les divers événements avec une grande attention. Quand le drame a lieu, on est tendu et la moindre explosion, nous fait réagir. On nous avait bien mis en condition, avant le feu d'artifice. Doucement, mais surement, cela va aussi sentir le roussi, avec cette propension qu'à Peter Berg à sombrer dans l'héroïsme exacerbé, pour finir par plomber son final en reprenant le même procédé que pour Du sang et des larmes. Son patriotisme est son gros point faible, il manque de distance et finit par lasser de par son attitude d'américain moyen.
Peter Berg retrouve à nouveau Mark Wahlberg après Du sang et des larmes, pour un nouveau film tiré de faits réels. Il en profite pour célébrer sa belle Amérique, dieu et la famille, qui sont le ciment de sa patrie, alléluia. Le film se voit de deux manières différentes. C'est un blockbuster divertissant, mais qui n'oublie pas de pointer du doigt les boss et actionnaires de la grosse entreprise BP. D'un autre côté, c'est une oeuvre tentant de nous faire croire que les travailleurs sont tous des gars trop sympas allant à la pêche et à la chasse, tout en oubliant pas de prier dieu et de prendre soin de leurs familles toutes mignonnes, alors que les patrons sont tous des salopards ne pensant qu'à la "money, money, money". C'est comme dire que le monde est fait de gentils et de méchants, c'est très simpliste. Mais après son hymne à l'armée américaine et ses soldats avec son précédent film Du sang et des larmes, Peter Berg continue de faire l'éloge de la belle Amérique, un peu comme Clint Eastwood mais avec moins de talent. Sous un air de dénonciation, en prenant fait et cause pour l'humain, il fait preuve de malhonnêteté en s'en prenant à une entreprise anglaise, dont les actionnaires sont français. Cela semble évident, qu'il a décidé que les méchants étaient les non-américains en répétant à l'envie que les employés du Deepwater sont des explorateurs et non des individus appâtés par l'argent, au contraire des pontes de BP. Pour bien appuyer son propos, il n'oublie pas de filmer le drapeau américain flottant au milieu de la fournaise et donnant l'impression d'être épargné par cette catastrophe. On le voit aussi au début du film sur la base américaine, au cas où on aurait oublié que nous sommes dans sa grande Amérique. Cela semble anodin en apparence, mais c'est comme donner le rôle du "méchant" à John Malkovich, qui malgré sa naissance sur le territoire américain, est considéré comme un "européen" de par son nom et son parcours d'acteur. En face de lui, on lui oppose deux acteurs bien "américains" Kurt Russell et Mark Wahlberg, aux carrures plus bourrues et donc plus du terroir. Le talent de ces acteurs ne sont pas remis en cause, tant ils sont tout les trois excellents; surtout John; mais cela joue lourdement sur la confrontation : USA Vs le reste du monde.
Dans d'autres mains, l'oeuvre serait idéologiquement moins suspecte. Cela reste un film catastrophe correct, surtout dans sa première partie. Moins dans la seconde, où cela devient un gros bordel mal maîtrisé. Mon avis est vraiment mitigé, on a de bons moments, mais son côté patriotique me gonfle royalement, puis Gina Rodriguez est fade, Dylan O'Brien transparent et Kate Hudson a dilué son peu de talent dans son site internet de vente de vêtements de sport féminin Fabletics.