Qu'on se le dise, Deepwater n'est pas le blockbuster qui mettra tout le monde d'accord comme l'a pu être un Fury Road dernièrement, mais je pense que les amateurs du genre seront ravis de se mettre sous la dent un bon film qui brille non pas grâce au niveau médiocre du crû 2016, mais pour bel et bien pour ses qualités intrinsèques. C'est assez étrange de le dire, mais Peter Berg est parvenu à délivrer une copie plus qu'honnête qui se permet même de dépasser les contours habituels des productions pop-corn.
Sa promesse initiale est très bien tenue et on en prend effectivement plein les mirettes avec les impressionnantes images de destruction de l'édifice flottant. D'autant que la reconstitution de la plateforme en CGI bénéficie de belles finitions qui renforcent bien l'immersion générale dans l'action. Deepwater renoue admirablement avec cette petite ambiance familiale des classiques du genre en humanisant suffisamment ses personnages pour qu'on puisse se sentir concerné leur sort. La violence a beau être attendue, j'ai quand prit ma petite PLS face à son déchainement imparable et à la non-prise totale du groupe sur les événements. En rentrant de ma séance, j'ai regardé quelques vidéos présentant des prises de vues réelles de l'événement et force est constater que le film semble bien retranscrire cette ambiance chaotique.
Le film assume d'ailleurs cette ambition de réalisme et frôle presque la reconstitution par moment. Il y a quelques passages didactiques qui visent à ce que le spectateur néophyte puisse bien saisir la situation. Pour autant, ça ne casse pas ni son rythme ni sa tension. Toute la force du film repose d'ailleurs sur le fait qu'il se cantonne à cette réalité; faisant presque office de garde-fou limitant l'apparition de certains travers des films catastrophe. **Wahlberg **est évidemment mis sur le devant de la scène, mais il n'est pas héroïsé de manière outrancière; ses actes sont très limités. Même la pseudo "happy end" des retrouvailles n'a pas du tout la même tonalité positive d'usage. Le héro rassuré est ici troqué par un homme broyé qui peine à revenir à la réalité.
Car l'intention de Berg n'est pas seulement de divertir, il entend également pointer du doigt l'impact des dérives d'un groupe industriel qui pensent pouvoir tout monnayer. Entendons-nous bien, ça reste un blockbuster et ça s'illustre par un rapport relativement manichéen entre les gentils larbins (dirigé par un Kurt Russel toujours aussi efficace) qui creusent des trous pour le méchant BP, mais c'est plutôt inédit pour un film du genre. L'origine catastrophe est en réalité multifactorielle, mais la décision des représentants de BP présentée dans le film a bien eu une influence sur le cours des événements selon les conclusions de l'enquête.
Deepwater est donc une belle surprise qui mérite largement un déplacement en salle pour en profiter pleinement. Il n'évite pas totalement les clichés du genre (drapeau toussa toussa), mais se montre particulièrement efficace dans son exécution.