Après l’excellente trilogie Pusher, le réalisateur danois Nicolas Winding Refn quitte l’ambiance maussade des bas-fonds de Copenhague pour le soleil californien avec son film Drive. S’attendre à du soleil, des superbes nanas et de la frivolité, c’est mal connaître le bonhomme. Après l’ultra violence perceptible à chaque moment dans Bronson puis dans Le Guerrier silencieux, place à l’ultra violence qui t’explose à la figure. Cette violence insidieuse, est distillée avec brio par Refn et le moment où elle éclate marque une rupture sèche, coupant le film en deux parties distinctes. Car une fois libérée, la violence semble être portée par une inertie irréversible, un déchaînement dont la fin ne peut être envisagée sans un véritable bain de sang.
Drive est l’histoire d’un conducteur taciturne. Cascadeur le jour, le jeune homme se transforme en chauffeur pour la pègre de Los Angeles à la nuit tombée. Cet énigmatique personnage va rapidement nouer des liens très forts avec sa voisine Irene et son fils. Une complicité tendre et innocente va naître entre ces deux personnages que tout semble opposer. Mais cette idylle va être bousculée par le retour de Standard, le mari d'Irene. Redevable envers un caïd qui le protégeait lors de son incarcération, Standard se voit contraint de braquer un bookmaker de la ville. L’as du volant décide de l’aider. Le braquage tourne mal (forcément) et notre héros se retrouve pris au piège dans une histoire entre gros bonnets de la mafia. Tel un animal acculé, notre conducteur comprend qu’il n’a d’autre choix que de tuer ou d’être tué.
Réclamé par de nombreux fans, une suite n’est pourtant pas envisageable pour Nicolas Winding Refn et ce malgré la sortie de la suite du roman, intitulé Driven, quelques mois après la sortie du film. En attendant, le film continue à déchainer les passions avec récemment un faux trailer d’une suite où Ryan Gosling serait un employé d’Uber.
Drive est également une continuité dans le panthéon des héros silencieux de Refn. Après Tom Hardy dans le rôle de Bronson et Mads Mikkelsen dans le rôle de One-Eye, Ryan Gosling fait péter le compteur en ne prononçant en tout et pour tout qu’une trentaine de mots. Refn se pose en maître du silence, de cette atmosphère tendue et pesante faisant penser aux quelques instants de répit précédant une tempête.
Avec un Prix de la mise en scène gagné lors du Festival de Cannes en 2011, Drive s’inscrit comme étant l’un des thrillers les plus sombres de ces dernières années. Et dire que ce film devait être réalisé initialement par Neil Marshall avec Hugh Jackman dans le rôle principal… Un grand merci à Hugh Jackman d’avoir préféré joué dans Real Steel et à Neil Marshall d’avoir jeté l’éponge peu de temps avant le début du tournage. Le film n’aurait certainement pas été aussi transcendant et se serait contenté d’être une simple histoire de braquage et de vengeance.