Après la Troisième Guerre Mondiale, l'humanité s'est reconstruite autour d'une civilisation rigide, où les émotions, jugées responsable de tous les maux, sont interdites. Preston est un "ecclésiaste", l'un des agents d'élite chargé de traquer ceux qui résistent à ce nouvel ordre. Jusqu'au jour où il ne prend pas sa drogue qui inhibe ses émotions...
Kurt Wimmer ne cherche visiblement pas à s'en cacher, son film emprunte très lourdement à une panoplie d’œuvres de SF très connues.
"THX 1138" pour la société futuriste bureaucratique et aseptisée, les citoyens écrasés par leur drogue, et un héros qui se "réveille" après avoir raté sa prise de substance. "Fahrenheit 451" pour le système implacable qui chasse les œuvres d'art, et son plus fervent exécuteur qui va devenir son principal opposant. "1984" pour l'ordre totalitaire et les vêtements ternes.
Et bien évidemment, "The Matrix" pour l'aspect art martiaux et les habits noirs. Ce dernier étant une influence immanquable pour les films d'action sortis au début des années 2000 ! Les plus attentifs repèreront enfin que l'un des derniers plans du film est calqué sur l'un des plans introductif de "Blade Runner".
Alors il n'y a bien sûr rien de mal à assimiler des classiques de la SF, pour les digérer et proposer quelque chose de nouveau. Le souci c'est que ce n'est pas le cas de "Equilibrium".
Le film a le mérite de proposer un univers à l'ambiance visuelle réussie (à défaut d'être originale). Mais il tourne rapidement en rond, tandis que les émotions humaines et leur rapport à l'ordre ne sont qu'un thème superficiel, destiné à alimenter l'intrigue plutôt qu'à être traité en profondeur.
Sur la forme, la réalisation offre quelques moment vraiment intéressants, et des scènes de combats globalement sympathiques. Notamment avec ce "gun kata" qui permet de justifier les pirouettes de notre héros. Mais il y a également des effets m'as-tu-vu clairement excessifs. Un équilibre précaire, qui sera allègrement rompu dans le film suivant du réalisateur, le nanar "Ultraviolet".
Il faut quand même noter l'ambition de cette série B tournée pour 20 millions de dollars. Si les plans sur la ville piquent les yeux, les décors sont intelligemment utilisés (tournage à Berlin). Ce mélange de qualité hétérogène se poursuit jusque chez les acteurs. Si certains sont mal dirigés (pas facile de demander à des gens soi-disant sans émotion d'en faire passer à l'écran !), d'autres donnent le change.
Bref, un film d'action/SF ni raté ni réussi, pourtant plus intéressant que la plupart des films scénarisés par Kurt Wimmer.